Il y a une semaine lors de la nuit de la solidarité organisée par la ville de Paris, nous étions rassemblé.e.s place de la République au sein du collectif Réquisitions* afin de demander la mise à l’abri de plus de 500 personnes survivant quotidiennement à la rue.

Comme à chacune de nos actions, la démarche consiste à visibiliser de manière pacifique la situation de ces personnes afin que des solutions de mise à l’abri dignes et pérennes soient trouvées. Et ce, comme la loi le requiert.

Après de longues négociations avec les services de la mairie et sans présence des forces de police, des solutions de mise à l’abri ont finalement été trouvées pour les 57 mineurs, 32 familles et 338 personnes seules présentes ce soir-là :

  • Les mineurs isolés ont obtenu une solution d’hébergement en hôtel le temps de leur recours auprès du juge pour enfant.
  • Les familles ont pour une majorité été orientées vers des solutions d’urgence du Samu social.
  • Les personnes seules ont été mises à l’abri dans un gymnase en attendant l’évaluation de leur situation et l’orientation vers des dispositifs adaptés.

Comme lors de chacune de ces mises à l’abri, nos équipes de bénévoles suivent au cas par cas la situation de ces personnes afin de s’assurer qu’aucune ne soit remise à la rue.

Si pour certain.e.s, cette action a permis d’ouvrir une fenêtre d’espoir, depuis une semaine, nos téléphones ne cessent de sonner avec au bout du fil des familles en détresse n’ayant aucune reconduction de leur solution d’hébergement par le Samu social.

Malgré nos échanges quotidiens avec les services de la mairie et du Samu social, de plus en plus de familles se retrouvent une fois de plus à la rue, sans solution. La préfecture de police et d’Île-de-France qui avaient condamné notre action place de la République, se disaient d’autant plus surprises que de nombreuses places étaient disponibles. Encore une fois, nous faisons face aux mensonges et à la mise en danger évidente de toutes ces personnes par les services de l’État.

Avant-hier, jeudi soir, plus de 90 personnes dont 27 enfants, étaient présentes auprès de notre équipe afin de solliciter une mise à l’abri d’urgence par notre réseau d’hébergeur.se.s solidaires. Pour la première fois depuis le 17 novembre dernier, 8 familles ont dû être laissées à la rue par manque de solution.

Ce vendredi soir lors de la mise à l’abri des familles, nous étions forcés d’évacuer la place sous peine de contraventions.

Cette situation est inacceptable et nous ferons tout le nécessaire afin que des solutions soient trouvées. Une lettre vient d’être envoyée à la préfecture d’Île-de-France afin qu’elle agisse de manière urgente, sans quoi nous serons une fois encore contraints d’agir pour mettre en lumière cette inhumanité.

Le collectif Réquisitions* milite notamment pour la réquisition des bâtiments vides. En France, plus de 300 000 personnes sont sans abri et plus de 750 000 personnes vivent dans des logements de fortune ou sont hébergées contraintes chez des tiers (Fondation Abbé Pierre). Parallèlement, l’INSEE a recensé 3 millions de logements vacants sans compter les bureaux et locaux vides.

Si à l’heure actuelle les solutions d’hébergement sont insuffisantes, des lois et des solutions pragmatiques existent afin de surmonter ce manque. Nous demandons à l’État de faire appliquer la loi.

*DAL (Droit Au Logement), Solidarité Migrants Wilson, CSP, la Marche des solidarités et Utopia 56

Photo de l’article par Abdul Saboor place de la République le 25 mars 2021