NOTRE HISTOIRE
Création de l’association en décembre 2015
À la fin de l’année 2015, les images diffusées du petit Aylan étendu sur une plage grecque choquent le monde entier. Suite à ces images, ainsi que celles de la jungle de Calais, un vaste élan de solidarité émerge et de nombreuses associations se créent.
Assis sur son canapé devant la télévision, Liam demande à son père Yann : “Et toi Papa, tu fais quoi ?”
Et toi Papa, tu fais quoi pour aider les migrants ?
Yann Manzi dans la Jungle de Calais à la création de l’association en 2016.
Yann Manzi et Gaëdig, son épouse, partent le week-end suivant pour Calais pour aider pendant trois jours dans l’association Salam. Yann alerte son fils aîné Gaël sur la situation et ils repartent trois semaines sur le terrain et constatent que la coordination citoyenne sur le terrain est inexistante : le bénévolat est mal organisé, bénévoles peu encadré·es, une grande majorité des bénévoles anglais·es… Ils font part de leurs observations à leurs familles et ami·es.
Yann (régisseur des campings aux Vieilles Charrues), Gaëdig (assistante de direction pendant 10 ans au Festival Interceltique de Lorient) et Liza (régisseuse technique au FIL, encadrant de vastes équipes de bénévoles) créent l’association, Utopia 56, pour encadrer le bénévolat et donner une opportunité de s’engager sur le terrain, sans formation ni engagement de temps minimal requis.
L’association se donne également pour but de donner un autre regard sur la situation migratoire en permettant à tous et toutes de venir constater par elles et eux-mêmes la réalité du terrain.
La mobilisation des bénévoles
Dans la jungle de Calais, de mars à septembre 2016 dans le camp de la Linière à Grande-Synthe, à partir de octobre 2016 à Paris, Utopia 56 mobilise les citoyen·nes pour venir en aide aux personnes exilées.
En lien avec les associations déjà impliquées, nous collectons et distribuons des dons, donnons des cours de français, distribuons des repas… Dans la Jungle de Calais, démantelée en octobre 2016, nous aidons au nettoyage du camp, en lien avec Médecins sans Frontières et Médecins du Monde.
De 35 bénévoles par jour début 2016, nous comptons désormais plus de 200 bénévoles par jour.
Une aide d’urgence dans plusieurs villes de France
Au démantèlement de Jungle de Calais, en octobre 2016, quelque 7 000 personnes exilées sont dirigées vers des CAO (centres d’accueil et d’orientation) et CAO MI (mineur·es isolé·es) à travers la France. Une plateforme Info CAO est mise en place par L’Auberge et Utopia 56 pour aider les citoyen·nes à s’organiser pour aider dans les régions.
De retour cher eux de Calais et Grande-Synthe, des bénévoles Utopia 56 ouvrent des antennes à Lille (mobilisation de bénévoles), Rennes (collecte de dons matériels), Tours (aide aux mineurs isolés)… Suivront les antennes de Toulouse (2018, en partenariat avec MSF), le retour à Grande-Synthe (quitté en 2016, rouvert en 2020 en pleine crise sanitaire) et Dijon (juillet 2020).
Conserver notre liberté de parole
Depuis sa création, afin de garder notre liberté de parole, Utopia 56 refuse tout financement venant de l’État. Nous avons, dès 2017, cessé de travailler avec des municipalités, ces dernières imposant nous excluant de ces procédures de décisions.
Les échecs de partenariat avec les pouvoirs publics
Reportage au camp de Grande-Synthe, quitté en septembre 2016.
Le centre humanitaire à Paris, de septembre 2016 à septembre 2017.
De mars à mai 2016, nous avons coordonné le camp de La Linière de Grande-Synthe, impulsé par Damien Carême (alors maire de Grande-Synthe) et Médecins Sans Frontières. À partir de mai 2016, l’État, sous couvert d’une association qu’il finançait (l’AFEJI), a repris la coordination du camp et imposé des restrictions d’accueil.
Nous avons quitté le camp, refusant d’être complices de cette politique.
De septembre 2016 à septembre 2017, nous sommes également intervenu·es au Centre de Premier Accueil (CPA) à Porte de la Chapelle à Paris, impulsé par la mairie de Paris, à condition d’y tenir un accueil inconditionnel.
Cette promesse n’étant pas tenue et face à tri des personnes reçues dans le centre, sous le coup des accords de Dublin, face à l’impuissance de la mairie de Paris contre les décisions prises par la préfecture et l’État, nous avons une fois dénoncé cette politique de non-accueil de ce centre et avons quitté le centre pour déployer l’ensemble de nos actions directement dans la rue.
DES MISSIONS d’aide d’urgence
À partir de 2017, en moins de deux ans d’existence, Utopia 56 intervient déjà dans plus de 5 villes de France. Les activités de l’association se structurent et se développent autour de plusieurs missions :
L’hébergement solidaire de jeunes en recours de minorité
Dans chacune de nos maisons, entre 10 et 15 jeunes en recours de minorité sont accompagné·ees par des bénévoles et salarié·es.
Dès 2017, des bénévoles venus à Calais et rentrés chez eux, à Tours, ont proposé de l’hébergement solidaire, face à mineur·es isolé·es, non reconnu·es par l’Aide sociale à l’Enfance d’Indre-et-Loire. Au même moment à Paris, nous avons observé des refus de minorité à la chaîne avec des jeunes remis à la rue, sans solution d’hébergement et sans information sur leurs droits. D’abord hébergé·es dans des hôtels, ces jeunes étaient ensuite orienté·es vers les premiers et premières hébergeur·ses solidaires, en Bretagne, le temps de leurs démarches de recours auprès du juge des enfants.
Nous avons sollicité Médecins Sans Frontières pour que l’ONG constate par elle-même la situation indigne à laquelle étaient soumis ces jeunes et que notre dispositif (hôtel, puis hébergement solidaire, avec suivi administratif) permettait d’améliorer leur chance de prise charge ces jeunes par l’Aide sociale à l’enfance. À l’hiver 2017-2018, le projet d’hébergement « Accueillons » en partenariat avec MSF voit le jour en Occitanie, avec la création de l’antenne Utopia 56 Toulouse, avant de se déployer dans l’ensemble de la France.
En région parisienne, à partir de 2019, une maison d’accueil permet d’accueillir une douzaine de jeunes, accompagnés par des professionnels d’Utopia 56 et de MSF. À ce jour, six maisons de ce type sont en projet ou déjà ouvertes (en région parisienne, à Tours et dans le Nord), permettant à une cinquantaine de jeunes d’êtres accompagné·es sur une année. Partout en France, des hébergeur·ses solidaires continuent également d’accueillir sur plusieurs semaines ou mois des jeunes en recours.
Restez au contact d’une réalité :