Dans deux mois, presque jours pour jours, c’est l’hiver. La neige, Noël, mais aussi et surtout l’air glacé, la pluie battante, et des dizaines de familles forcées de dormir à la rue faute d’hébergement

À Utopia 56, on ne se fait pas d’illusions : ni la mairie, ni la préfecture ne leur ferra cadeau d’un hébergement ou d’une mise à l’abri pérenne dès leur arrivée. Ces familles devront passer par la rue, comme le veut la politique de non-accueil mise en place par l’État depuis des années. Alors, faute de mieux, nous lançons une campagne afin de leur trouver un toit. Des lieux d’hébergement d’urgence alternatifs, voilà ce que nous cherchons à mettre en place; avec vous. 

 

En décembre 2022, l’adjoint à la mairie de Paris Jacques Baudrier évoquait dans une tribune plus de 120 000 logements vacants dans la capitale. Auquel s’oppose un chiffre terrifiant: l’hiver dernier, de décembre à mars, nos équipes ont rencontré 679 familles à la rue, soit 1652 personnes, dont 198 bébés. 

Heureusement, grâce à la solidarité et l’engagement de deux propriétaires privés, qui ont respectivement ouvert les portes de leurs locaux vide, ainsi que de notre réseau d’hébergeur·euses solidaires, la quasi-totalité d’entre eux·elles ont pu être abrité·es de manière temporaire. 

 

Ainsi, en 2023, le “LU” ( Lieu Unique ) – un duplex de 500 m² dédié aux activités d’une start-up en attente de travaux – accueillait entre 70 et 80 mineurs isolés chaque nuit pendant 4 mois. David Peronnin, le propriétaire, témoignait à l’époque au micro de Libération: «D’un côté, j’ai des locaux vides parce qu’on veut les rénover bientôt et de l’autre, il y a des jeunes qui dorment dehors. Pourquoi ne pas leur en faire profiter ?». 

De même aux “Acacias”, un ancien garage automobile privé prêté par le bailleur pour une durée de 8 mois, Utopia 56 a pu accueillir 2 246 personnes, dont 806 enfants, pour un total de 10 932 nuitées. Ce lieu aura ainsi permis, de novembre 2022 à juin 2023, d’héberger presque toutes les familles rencontrées vers un espace sûr, abrité des intempéries et du froid de l’hiver, mais aussi de la violence de la rue.  Augustin, responsable Utopia 56 des Acacias, évoquait la réussite du projet au moment de sa fermeture : “ Cela a permis à des milliers de personnes de dormir en sécurité dans un lieu où elles se sentaient bien, toujours dans la bonne humeur, l’écoute des personnes et le respect mutuel. C’est déjà énorme.

 

On ne s’en cache pas, ces projets d’hébergement alternatifs d’urgence menés l’année dernière restent précaires : nos équipes y déploient des tentes, fournissent des couvertures et un peu de nourriture, mais pour les familles qui d’habitude dorment dehors, c’est déjà beaucoup. Cela leur évite la crainte de l’expulsion, leur permet de se fixer quelque temps, sans avoir la crainte de retrouver leurs tentes éventrées, et surtout d’être sous un toit. Entre nous, on avait pris l’habitude d’appeler ça le 115 de la débrouille. Sur ces lieux, nous tentons d’appliquer les normes HCR, un ensemble de prérequis édictées par le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés; pour la mise en place d’un campement humanitaire.

Cette année donc, nous faisons appel à vous, à vos réseaux, à vos connaissances, afin d’accueillir des initiatives similaires: dans des bureaux en attente de rénovations, des gymnases vides, des parkings privés innocupés, des salles paroissiales vacantes,  etc. Nous sommes à la recherches de ces lieux à Paris principalement, mais également dans toutes les villes où nous avons des antennes, à Lille, Rennes, Tours, Toulouse, Calais et Grande-Synthe.


Les personnes exilées subissent la politique d’accueil par le trottoir mise en place par l’État, les forçant à survivrent dans la plus grande précarité, tandis que celui-ci se cache derrière un argument fallacieux d’incapacité à accueillir dignement les personnes. Ces lieux d’hébergements d’urgence alternatifs en sont la preuve, des solutions concrètes existent, et sont à notre portée. En tant que citoyen·es, nous pouvons prouver aux élu·es qu’un accueil digne et solidaire est possible. 

PROPOSER UN LIEU 

Ou contactez directement Antoine, notre coordinateur logistique et hébergements :
par mail : coordination@utopia56.org / par tel : 06 56 69 46 33