Ce samedi 17 juillet 2021 à Calais , un groupe de personnes bénévoles et militantes de l’association Calais Food Collective a organisé une action « coup de poing » visant à mettre la Mairie devant ses responsabilités sur la situation sanitaire pour les plus de 2000 personnes exilées vivant dans l’agglomération.
Plusieurs mètres cubes de déchets ont été ramassés dans certains des sept bidonvilles que compte actuellement Calais et ont été déposés aux alentours de 18h30 sur la place Maréchal Foch. Cette mobilisation fait suite à l’inaction de la communauté d’agglomération et de la préfecture du Nord-Pas-de-Calais depuis les courriers envoyés en février 2021 alertant sur la situation sanitaire et écologique, laissant la situation se dégrader.
Opération coup de poing
Durant l’action, les services de police nationale et municipale se sont dépêchés sur place en 5 minutes. Ils ont évacué les personnes présentes et établi un périmètre de sécurité pour que les services de la Mairie puissent rapidement nettoyer la place. Les bénévoles ont fait l’objet de deux contrôles d’identité et de la notification d’une potentielle verbalisation de 5ème catégorie pour dégradation de l’espace public, soit jusqu’à 1500€ d’amende et sans procès-verbal. Les associations constatent une inégalité flagrante quant au ramassage des déchets selon leur proximité avec des bidonvilles ou des résidences de calaisiens. Seuls certains lieux de vie voient leurs déchets ramassés, sans régularité et clarté par l’association prestataire de l’État, La Vie Active, mais aucun contenant n’est mis à disposition. Ce sont donc des montagnes d’ordures qui jonchent l’entrée des bidonvilles où viennent se nourrir les rats et animaux sauvages. En plus d’impacter l’environnement et la biodiversité, cette situation est alarmante d’un point de vue sanitaire, notamment en période de pandémie.
Les revendications soumises par les associations et soutiens auprès des personnes exilées.
« Nous souhaitons aussi la fin de l’instrumentalisation des déchets et de l’insalubrité des bidonvilles comme outil de légitimation politique des expulsions de terrain, au profit d’une réelle politique d’accueil des personnes sur le territoire de Calais. » Toucan, bénévole et militant au Calais Food Collective.
En vertu de l’article L.2212-2 du Code général des collectivités territoriales, les mairies doivent assurer le bon ordre, la sûreté, la sécurité et la salubrité publiques dans leur commune en vertu de leurs pouvoirs de police. La compétence leur est attribuée par l’article L.2224-13 du Code général des collectivités territoriales.
Les associations signataires demandent à nouveau l’application de l’article L.2212-2, soit une prise en charge réelle et effective des déchets avec un système de ramassage régulier et couvrant l’ensemble des bidonvilles, les équipements nécessaires à des conditions sanitaires dignes (bennes, bacs de collecte, sacs de poubelle distribués avec les repas). Elles appellent à la responsabilisation des collectivités territoriales et des représentants décentralisés de l’État, car elles n’en peuvent plus de devoir pallier leurs manquements. Enfin, ces mêmes associations refusent l’assignation des personnes exilées à ces conditions inhumaines et indignes, utilisées dans le but de dégrader leurs représentations dans l’opinion et l’espace public.