UN HÉBERGEMENT DIGNE POUR LES JEUNES EXILÉ·ES MINEUR·ES À LA RUE
Mesdames et Messieurs les Maires des communes de la Métropole de Lille,
En juin 2024, nous vous avons interpellés via une lettre ouverte adressée à l’ensemble des maires de la MEL.
Cette lettre ouverte portait sur la situation des mineurs exilés survivant sur un campement situé aux Bois Blancs à Lille. Elle expliquait les raisons de cette situation, à savoir que, suite au refus de reconnaissance de minorité par les services du Département, ces jeunes exilés engageaient un recours auprès du juge des enfants, une procédure qui dure en moyenne sept mois. Elle rappelait que, durant ce recours, ils sont exclus de tout dispositif de droit commun, notamment en matière d’hébergement et d’accompagnement social, l’État ne les considérant pas non plus comme majeurs.
Après plusieurs actions portées par le Collectif des jeunes en recours des Bois Blancs soutenus par le Collectif des habitant·es solidaires et indigné·es du quartier, Utopia 56 et de nombreuses associations, 52 jeunes ont enfin pu être hébergés fin novembre en foyer ou Centre d’Accueil et d’Examen des Situations, et ce, jusqu’à la fin de leur procédure.
Cette avancée a permis de mettre fin au campement.
Cependant, en l’absence d’application de la présomption de minorité en France, des mineurs non accompagnés en recours continuent d’être laissés à la rue chaque semaine par les services du Département. Cela risque de conduire à l’installation imminente d’un nouveau campement, les hébergements solidaires et paroissiaux étant proches de leur capacité maximale d’accueil et n’étant qu’une solution temporaire d’extrême urgence.
Monsieur le Président de la MEL avait également été saisi afin qu’il s’implique dans la recherche collective et institutionnelle de solutions. À ce jour, il n’a manifesté aucune volonté visible de prendre en considération cette situation.
Dans ce nouveau contexte, une nouvelle interpellation vient de lui être envoyée le 04/01/2025, car ce n’est pas à la seule ville de Lille de porter cette situation.
Vous, maires des communes de la MEL, même si l’hébergement d’urgence ne relève pas de votre compétence, et même si ces jeunes ne dorment pas dans un campement dans votre ville ou village, ne pouvez rester insensibles à la situation de ces jeunes isolé·es à la rue, par tous les temps, à proximité de chez vous.
Le Comité des droits de l’enfant de l’ONU a, à plusieurs reprises, pointé du doigt les manquements de l’État français, en matière de protection de l’enfance pour les exilé·e·s et a demandé à la France d’aligner la procédure de détermination de l’âge sur la présomption de minorité.
Vous ne pouvez laisser aux seules associations et citoyen·ne·s la charge d’apporter un abri décent et un accompagnement humain à ces jeunes généralement déjà éprouvés par la vie. Le respect des traités internationaux ne peut pas reposer uniquement sur la mobilisation citoyenne.
Nous faisons appel à votre sens des responsabilités, à votre sens de la solidarité et de l’hospitalité au sein de la MEL, pour porter et défendre cette problématique auprès des instances dont c’est la compétence : la Préfecture et le Département.
Nous vous demandons, qu’à défaut, la MEL se positionne en faveur d’une prise en charge collective de l’accueil, et qu’elle plaide pour des concertations régulières avec les institutions mentionnées, le collectif des jeunes et Utopia 56, pour que des solutions pérennes soient mises en place.
À l’instar de certaines agglomérations et de certaines villes, qui ont su mettre en place des dispositifs d’accueil pour les mineur·e·s en recours, vous pouvez montrer à vos concitoyen·ne·s que vous êtes, au sein de la MEL, capables de contribuer à une réponse humaine et solidaire à cette situation indigne vécue par des enfants.
Espérant être entendu·e·s, nous sommes disposé·e·s à vous rencontrer si vous le souhaitez pour échanger plus en détail de la situation et discuter des possibilités.
L’équipe d’Utopia 56 Lille,
avec le soutien des associations et organisations signataires.