En décembre 2021, les associations La Casa et Utopia 56 ont été alertées de faits de violences volontaires et de harcèlement à l’égard de jeunes hébergés à l’Hôtel Médian du 17e arrondissement de Paris. S’appuyant sur de nombreux témoignages, Utopia 56 a déposé plainte le 29 juin 2022 contre X, l’opérateur d’État Alteralia et l’entreprise de sécurité No Limit Security pour harcèlement et non assistance à personne en danger.
Cet hôtel avait été réquisitionné par la préfecture d’Île-de-France à des fins d’hébergement d’urgence en 2020. Sa gestion a été attribuée à l’opérateur Alteralia, association loi 1901 et présidée par Mr Olivier Dubaut, ancien sous-préfet de Seine-Saint-Denis. L’opérateur y sous-traite, ainsi que dans de nombreux établissements, les questions de sûreté à la société No Limit Security.
Différents témoignages de jeunes isolés, hébergés au sein de l’hôtel, font état de violences physiques et verbales, de privation alimentaire, de discrimination, de fouille et de chantage de la part d’agents de sécurité. Malgré de nombreuses alertes des associations, Alteralia n’a pas mis un terme à ces situations.
« A l’hôtel il y a des gars qui ne veulent pas se taire, ils veulent comprendre pourquoi on nous traite comme ça, comme des animaux. Mais si tu fais ça, c’est fini, après, tu rentres dans les problèmes. Et c’est ça qu’ils cherchent. Ils cherchent à nous rendre fous (…) Entre eux, ils se protègent, jamais ils vont avouer ce qu’ils nous font. Moi j’ai trop peur, j’ai vécu longtemps dans la rue, je ne veux plus y retourner. Alors je ne dis jamais rien, mais j’ai peur. Il faut comprendre que tout le monde a peur », témoignage d’une personne ayant été hébergée 11 mois à l’hôtel Médian 17e.
Pour les équipes d’Utopia 56 et La Casa, les témoignages d’abus de position dominante au sein d’établissements d’hébergement gérés par l’opérateur Alteralia sont courants. À tout moment, et sans contradictoire, une personne peut être remise à la rue suite à une décision de l’opérateur. Une réalité qui instaure un climat de peur et de tension auprès des personnes hébergées.
“De manière structurelle, quand un résident pose un problème, il n’y pas de suivi ou de tentative d’aide, la personne était remise à la rue. Pareil pour quiconque refusait une orientation dans un autre centre d’hébergement”, témoigne une ancienne travailleuse sociale d’Alteralia auprès des équipes d’Utopia 56.
Cette ancienne salariée fait également état de violences sexuelles, d’agents de sécurité à l’encontre de personnes hébergées, couvertes par la direction d’Alteralia et de travail dissimulé.
Parallèlement, des vidéos et témoignages soulignent l’insalubrité des lieux, la présence de cafards, de punaises de lit et de nourriture avariée. Une réalité concomitante à celle d’un autre établissement en gestion par l’opérateur Alteralia, l’hôtel Médian dans le 15ᵉ arrondissement de Paris.
Les associations La Casa et Utopia 56 demandent que toute la lumière soit faite sur ces violences et que l’association opératrice cesse immédiatement son contrat de sous-traitance à la société No Limit Security. Elles demandent également à ce qu’une évaluation générale et transparente des pratiques de l’opérateur Alteralia soit réalisée et que des sanctions effectives en soient tirées.