Il est 20h devant la mairie du 20e, Utopia 56 et les membres du Collectif de Lutte pour un logement durable ont décidé de s’installer jusqu’à ce qu’une solution d’urgence soit proposée à toutes et à tous. Ces 200 personnes n’ont pas bénéficié d’hébergement d’urgence pérenne ni de relogement malgré la trêve hivernale. Parmi elles, plus de 70 enfants et des nourrissons.
Le collectif et Utopia 56 sont installés là avec le soutien de Médecins du monde, du DAL et de Jamais sans toit. Ce choix de rester devant une mairie a pour objectif de limiter le risque d’une intervention policière violente et d’obtenir de l’aide des élu.es de la ville ou de l’arrondissement pour une mise à l’abri d’urgence pour tout le monde.
“C’est tous les jours que nos enfants sont dans la rue, qu’ils font leurs devoirs dans une tente et s’endorment à l’école tant ils sont épuisés. Alors, avec notre détermination et toute la force que nous avons déjà pour survivre à la rue, nous sommes avec nos enfants, qui savent la peine que l’on met à les protéger tous les jours et à continuer à les élever et à les aimer comme si leur vie était normale et légère. Sauf qu’elle n’est ni légère, ni normale, ni souhaitable.” Jemima – membre du Collectif en lutte pour un logement durable, mère à la rue depuis 7 mois.
Tous les soirs de cet hiver, Utopia 56 a accueilli en moyenne 150 personnes et plus de 60 enfants qui ne trouvaient pas de réponse auprès du 115. Chacune a été hébergée par des citoyen.nes ou dans notre lieu d’hébergement, d’autres encore ont dû rester dehors certains soirs. Ces solutions ne sont que des pansements à ce que l’État se doit d’assurer : un hébergement digne, pérenne et inconditionnel.
En cette fin de période de trêve hivernale, et alors que :
- le 13 février dernier, 40 associations ont assigné l’État en justice pour inaction fautive en matière d’hébergement d’urgence et de logement ;
- que le 19 mars 2025, l’ensemble des sénateurs.rices ont voté un texte demandant à l’État de prendre des mesures concrètes afin de mettre fin aux sans-abrisme des enfants ;
- que le 26 mars 2025, l’État a été condamné par le tribunal à rembourser la ville de Grenoble pour ne pas avoir hébergé une mère et ses enfants ;
- et que le 27 mars, la Ville de Paris a assigné l’État en justice pour demander le remboursement des sommes engagées par la ville pour l’hébergement des mineurs isolés en recours ;
On compte toujours 350 000 personnes à la rue, dont plus de 2000 enfants, et toujours neuf millions de mètres carrés de bureaux vides.
La réquisition est une nécessité pour mettre un terme à cette fabrique de la précarité.