Le vendredi 6 mai 2022, la gendarmerie maritime du Pas-de-Calais a volontairement mis en péril une embarcation de 19 personnes exilées se dirigeant vers l’Angleterre, avant de lui imposer un remorquage jusqu’à la plage. Suite à cet événement, qui relève d’une action illégale et dangereuse de la part de la gendarmerie, la préfecture maritime a publié un communiqué mensonger. 

Aux alentours de 7h30, lors de leur mission de prévention sur le littoral nord, l’équipe d’Utopia 56 a repéré, sur le parking du Sémaphore entre Sangatte et Calais, un camion de pompiers, deux véhicules de gendarmerie ainsi que 19 personnes exilées, dont 6 enfants en bas âge.

L’équipe d’Utopia 56 a rejoint le lieu afin de pouvoir équiper les personnes en vêtements chauds et secs, de quoi se nourrir et évaluer leurs besoins urgents. Notre équipe a pu recevoir plusieurs témoignages concordants sur le déroulé de l’opération de « sauvetage » menée par la gendarmerie. 

D’après les informations recueillies, l’embarcation, partie depuis 15 à 20 minutes ne présentait aucun problème technique, quand, vers 6h20, deux bateaux de gendarmerie ont encerclé le bateau et tourné autour à “4 ou 5 reprises”, provoquant des vagues qui ont eu pour effet de remplir le bateau d’eau “d’une vingtaine de centimètres” : 

« C’était vraiment terrifiant, les enfants pleuraient et les mères criaient : on a un enfant, ne faites pas ça s’il vous plaît. »  « Le conducteur du bateau a fini par arrêter le bateau, parce que c’était vraiment le chaos, l’eau remplissait le bateau. » « C’était vraiment terrifiant, ils étaient littéralement en train de nous noyer » Témoignage de A.,  personne présente sur le bateau.

  1. Selon la préfecture, d’abord citée dans un journal local, les gendarmes, informés par le CROSS, se sont rendus au large de Sangatte et ont constaté que le bateau subissait une avarie moteur. Cette information a été démentie par nos témoins qui ont eux même arrêté le moteur après l’intervention de la gendarmerie. 
  2. Par la suite, un communiqué publié le jour même par la préfecture maritime affirme que la gendarmerie, alertée par le CROSS aurait envoyé la vedette Eulimène, or, les photos envoyées par les personnes présentes sur le bateau montrent 2 bateaux de gendarmerie n’y correspondant pas. Aucune autre embarcation n’était présente sur place.
  3. Selon ce même communiqué, la vedette Eulimène “ récupère à son bord 19  naufragés et les dépose sur la plage de Sangatte” : or, il n’a jamais été proposé aux personnes présentes sur l’embarcation de monter sur un bateau de la gendarmerie et leur embarcation a été tractée jusqu’à la plage.

Toutes les personnes interrogées s’accordent à dire qu’aucun appel de secours n’a été passé depuis le bateau et que la méthode d’intervention a contribué à leur mise en danger. 

C’est la première fois qu’un tel cas de refoulement forcé est identifié dans la Manche. Les mensonges de la préfecture tendent à prouver une volonté de cacher cette pratique.

Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays.” Article 13 de la déclaration universelle des droits de l’Homme.