Depuis le 10 juillet dernier, la ville de Paris a mis fin à la mise à l’abri des jeunes filles mineures en recours. Désormais, ces jeunes filles sont contraintes de rester à la rue, sans protection pendant tout le temps de leur recours, et ce, malgré les dangers liés aux conditions de vie à la rue, les rendant ainsi encore plus vulnérables.
Depuis 2018, Utopia 56, dans sa mission humanitaire d’accueil et en connaissance des dangers que représente la vie à la rue, fait le choix d’assurer le suivi et l’orientation de ces jeunes filles chez des hébergeurs solidaires parisiens. En 2021, l’ouverture d’une maison d’accueil avec Médecins Sans Frontières et dédiée à l’accueil des jeunes filles le temps de leur recours devant le juge des enfants a permis à de nombreuses jeunes filles d’être hébergées, soignées, écoutées, puis finalement reconnues mineures. Au total, depuis 2021, 86 jeunes filles ont été suivies et hébergées par Utopia 56 et les citoyens.
Ainsi, pendant cinq ans, aucune des jeunes filles dont la première évaluation a échoué n’a eu à passer une seule nuit à la rue grâce à la mobilisation des associations, des hébergeurs et grâce à l’ouverture en 2020 de places d’hôtel par la Ville de Paris, Une initiative bienvenue et innovante, née durant la pandémie de Covid-19, et restée en place jusqu’à lors.
Mais depuis le mois de juillet 2023, la mairie de Paris a unilatéralement décidé de mettre fin à l’hébergement en hôtel. Cette décision intervient sans qu’aucune raison apparente ne justifie l’arrêt de ce dispositif devenu essentiel pour la protection de ces jeunes filles.
Depuis le mois de juillet, Utopia 56 et les hébergeurs solidaires de différentes associations ont tout fait pour pallier l’accroissement soudain du nombre de jeunes filles laissées à la rue par le département du 75 et les départements limitrophes. En moyenne, c’est entre 2 et 5 jeunes filles par semaine qui nous contactent pour recevoir un hébergement et aujourd’hui l’association ne peut plus suivre le rythme. C’est donc la première fois en 5 ans, que, atteignant ses limites humaines, Utopia 56, une association indépendante , doit se résoudre à laisser des jeunes filles à la rue, faute de pouvoir assurer leur suivi et leur hébergement.
Les dangers de la rue sont multiples, la traite d’êtres humains, les agressions, la précarité financière et matérielle… Seules des conditions dignes d’accueil peuvent permettre la protection de ce public vulnérable et fragilisé par les longs mois d’errance pour arriver jusqu’en France. Ces jeunes personnes, très exposées au danger, doivent bénéficier de toute l’attention des systèmes de protection, afin d’éviter des drames et l’émergence de problématiques d’exploitation. Seule la reprise de leur hébergement par la ville de Paris ou par l’État ainsi qu’un dialogue avec les associations permettront de garantir cette protection.