Depuis le 1er janvier 2023, les équipes d’Utopia 56 à Paris ont rencontré 1 372 femmes seules et personnes en familles, dont 507 enfants à la rue. Ce soir, face au silence des autorités et à des situations de rue qui s’éternisent, nous sommes mobilisés aux côtés de ces familles pour faire valoir leur droit à un hébergement d’urgence. Ces femmes, hommes et enfants n’ayant nulle part où aller, nous resterons sur la place de l’Hôtel de Ville de Paris, de jour comme de nuit, tant qu’aucune solution leur sera proposée.
Cet hiver, et malgré les discours et les engagements du gouvernement à « ne laisser aucun enfant à la rue », nous observons une augmentation de 22% du nombre de familles (+40% d‘enfants) rencontrées par rapport à la même période en 2022.
Au travers de ces familles se dessinent les tensions du monde : elles viennent d’Afghanistan, du Mali, d’Irak, du Venezuela, de Côte d’Ivoire, du Brésil, de Roumanie, de France et d’ailleurs. Celles venant d’Ukraine ont, elles, pu trouver refuge hors de la rue.
Hier soir, et comme chaque soir, nos équipes ont rencontré 157 personnes en familles dont 56 enfants. Parmi elles, une femme enceinte de 8 mois, un homme originaire d’Afghanistan avec sa fille de huit ans, une mère seule et ses 4 enfants, une femme de 62 ans avec son fils en fauteuil, et tant d’autres. Parmi ces familles, beaucoup avaient pu accéder à un hébergement avant d’être remises à la rue par les services de l’État.
Pendant tout l’hiver, la société civile s’est mobilisée et a été la ligne de défense du contrat social français et de ses valeurs. Des centaines d’hébergeurs·ses du réseau d’Utopia 56 ont ouvert leurs portes le temps d’une nuit afin d’offrir un espace de repos à ces familles. Aucun dispositif d’État n’aura été à la mesure des engagements d’Olivier Klein, ministre du Logement, qui, malgré la réalité du terrain, continuait fin décembre à s’enfermer dans ses mensonges : « La priorité du Gouvernement, c’est zéro enfant à la rue : l’engagement est tenu. »
Depuis le 1er décembre, des avocats du Barreau Solidaire de Paris ont accompagné plus de 100 familles devant le tribunal administratif de Paris dans le cadre de référés liberté. Au travers de ces procédures, près de 60% des familles ont obtenu un hébergement d’urgence. Un résultat qui démontre le caractère illégal des politiques d’État quant à l’accès à un hébergement d’urgence.
“Le Gouvernement se cache derrière ses chiffres et la saturation des dispositifs d’hébergement. Si 200 000 places d’hébergement existent bien, c’est d’une part loin d’être une fierté, et d’autre part bien insuffisant face à la réalité de la rue.” Océane Marache, coordinatrice Utopia 56 à Paris.
Ce soir et dans les prochaines heures, la préfecture d’Ile-de-France et la Mairie de Paris se doivent de tout mettre en œuvre afin de sortir immédiatement ces personnes de la rue. Au vu des précédentes mises à l’abri, aucune solution qui entendrait séparer les hommes de leur famille ne sera acceptée.