Quarante-quatre mineurs isolés sans solutions d’hébergement depuis le début de l’année suite à une remise à la rue par les départements.
Depuis le début de l’année 2023, quarante quatre mineurs isolés ont été remis à la rue par le département d’Indre-et-Loire (34 jeunes) et celui du Loir et Cher (7 jeunes), ces jeunes se retrouvent sans solution d’hébergement. Ils ne peuvent prétendre à un hébergement d’urgence au 115, car considérés comme mineurs par les services de l’État et ne peuvent être pris en charge par la protection de l’enfance car considérés comme majeurs.
Les associations citoyennes comme Utopia 56 ne disposent plus des ressources nécessaires pour accueillir ces jeunes en urgence et à long terme, ni pour les accompagner. Actuellement 42 jeunes sont accueillis et/ou accompagnés par l’association et nous arrivons à saturation depuis plusieurs semaines.
Depuis des années, Utopia 56 alerte État et Département sur l’abandon des mineurs non accompagnés dont la minorité est contestée par le Département, enfin, début avril une réunion a été organisée avec l’État, le Département d’Indre et Loire et l’association.
Alors que nous espérions des solutions concrètes pour les jeunes à la rue, dont une partie sera reconnue mineure à l’issue de leur recours devant le juge des enfants, il nous a été présenté une mise en relation entre les deux services (État et Département).
Dorénavant le conseil Départemental informe chaque semaine la préfecture des refus de minorité et ils ont maintenant un processus pour signaler les jeunes les plus vulnérables refusés et remis à la rue par le Conseil Départemental au 115, en informant la DEETS qui a le dernier mot pour une éventuelle orientation 115 en fonction de places disponibles.
Concrètement, aucun autre dispositif ou solution conjointe d’hébergement n’est proposé.e ni prévu.e !
Nous avons rappelé :
– que les orientations des plus vulnérables vers le 115 (solution inadaptée pour tou.te.s) ne pouvait pas répondre à une demande d’accompagnement, de soins, de suivis,
– que la mission des Conseils Départementaux consiste à garantir qu’aucun.e mineur.e ne soit à la rue et qu’aux vues des évaluations qui ne peuvent être totalement fiables, des mineur.e.s se retrouvent sans-abri, en proie aux réseaux,
– qu’il nous semble que le Département d’Indre et Loire trouve plus important de ne pas héberger de jeunes majeur.e.s plutôt que de mettre tou.te.s les mineur.e.s à l’abri.
– que le Comité des Droits de l’Enfant de l’ONU a sanctionné la France en raison des défaillances de son dispositif d’accueil des mineurs non accompagnés (MNA), en particulier lors de l’évaluation de minorité, à l’occasion d’une décision du 25 janvier 2023. Dans son rapport de février 2022, la Défenseure des Droits demande à ce que « le mineur bénéficie de la présomption de minorité jusqu’à la décision judiciaire définitive le concernant ».
Pour conclure ce rendez-vous, nous avons demandé (de nouveau) ce que l’on faisait concrètement pour les jeunes à la rue en ce moment. Sans réponse.
“Nous sommes décu.e.s de voir que l’État et le département ne sont pas en capacité de proposer un dispositif adapté pour éviter que des jeunes dont des mineur.e.s ne subissent un passage systématique par la rue. Les citoyen.ne.s sont mobilisé.e.s et se sont nos institutions qui ne se saisissent pas de leur responsabilité.” Marine et Jenny, coordinatrices d’Utopia 56 à Tours.
Nous nous organisons pour ne pas laisser ses jeunes se faire invisibiliser par une politique de rejet. Nous nous battrons pour le respect des droits de ces jeunes et pour un hébergement digne pour tou.te.s.