Déplacements forcés et placements en centre de rétention… Les sans-abri réprimés
Si près de 540 personnes ont été hébergées en Île-de-France, 670 ont fait l’objet d’un « déplacement forcé », en dehors de l’Île-de-France, notamment à Besançon, Dijon, Rennes, Strasbourg, Sarrebourg, Rouen, Lille, Metz, selon les témoignages que nous avons recueillis.
Ni les associations du collectif Réquisitions, ni les personnes sans-abri n’ont été informées préalablement, ni même une fois à l’intérieur du bus, qu’elles seraient contrôlées par la police et transportées d’office et autoritairement, loin de leur lieu de vie, de leur lieu de travail ou/et des écoles de leurs enfants.
L’État a menti par omission sur la destination des personnes transportées et aurait dû au préalable leur demander leur accord. En évaluant la situation des personnes, et en les informant sur leur destination et les suites de leur prise en charge, sans quoi, cette orientation telle que menée se révèle être un déplacement violent et improductif. Beaucoup sont revenues à la rue en région parisienne depuis samedi soir, à leurs frais malgré leur pauvreté, afin pour certains, de ne pas perdre leur emploi et maintenir la scolarité de leurs enfants.
Le piège se referme : Fouilles et interpellations à la sortie des bus
Lorsque les personnes sont finalement descendues du bus, la police était présente sur plusieurs destinations, contrôlant la situation de l’ensemble des passagers :
Plusieurs personnes sans papier ont été interpellées et se sont vues notifier une OQTF (Obligation de quitter le territoire français), y compris en Île-de-France.
Au moins 11 personnes ont été placées en Centre de Rétention Administratif (CRA) et certaines ont été séparées de leur conjoint·e et de leurs enfants. Ils risquent l’expulsion.
“C’était violent”, a témoigné N., envoyé à Dijon, sans information sur sa destination, sans repas et surveillé par des militaires pour aller aux toilettes. M. a, elle, été envoyée en périphérie de Lille avec ses trois enfants scolarisés à Paris depuis toujours. “On n’est pas du bétail, on nous met dans un car sans nous dire où on va. Les enfants allaient à l’école ce matin, on ne pouvait pas rester”.
Des témoignages alarmants continuent d’affluer. Alors même que la ministre du Logement communique sur une prétendue amélioration des conditions d’hébergement, le collectif Réquisitions constate le tournant répressif de l’État. Au lieu de mettre en place les moyens suffisants pour informer et héberger toutes les personnes sans-abri, notamment via la réquisition de logements et locaux vacants, l’État fait le choix de :
- Empêcher les personnes sans-papier à faire valoir leur droit à un hébergement inconditionnel
- Faire perdre aux personnes demandeuses d’asile leur droit à un hébergement
- Décourager les personnes sans-abri de participer à des actions collectives, en combinant éloignement forcé, arbitraire et répression
Pour que ces orientations en hébergement soient réelles et pas une opération de communication du gouvernement, nous appelons à une manifestation ce vendredi à 15h, au départ du parvis des droits de l’Homme à Paris, en direction de la préfecture d’Ile-de-France. Notamment pour une libération immédiate de ceux en centre de rétention et pour un hébergement dans le respect des choix de vie de tous et toutes.