Il est 8h ce mardi 26 décembre lorsque l’équipe d’astreinte de Grande-Synthe reçoit ce message sur le téléphone d’urgence.
Elles sont six personnes entassées à l’arrière d’un camion frigorifique, entre les cagettes d’oranges. Elles tentent de passer la frontière pour rejoindre le Royaume-Uni, mais le camion s’est arrêté, la porte est bloquée.
Elles envoient leur localisation. L’équipe transmet immédiatement l’ensemble des informations à la police afin qu’elle se rende sur place et ouvre le fourgon. L’opératrice prend la situation au sérieux et envoie ses collègues sur place.
La police et les pompiers arrivent sur un parking au Mans. Ils ouvrent deux camions, mais personne n’est là. Phil et et Chloé, bénévoles Utopia 56 d’astreinte, continuent de suivre la situation en parallèle d’une journée bien chargée.
À la frontière, les tentatives de traversée en camion restent quotidiennes, en dépit du risque et du peu de chance de réussite. Une technique utilisée majoritairement par les personnes les plus précarisées qui tentent de traverser sans avoir à payer un passeur.
Les camions frigorifiques sont les plus dangereux, mais ont la réputation de passer plus facilement les contrôles. Le matériel de détection humaine à la frontière comprend : le contrôle CO2, qui permet de détecter le gaz carbonique relâché par la respiration.
Le « Heart beat », un système de détection des battements du cœur à partir de sondes posées sur le véhicule, et le PMMW, un système d’imagerie électronique par rayonnements qui permet de visualiser l’intérieur des camions.
Notre contact parvient finalement à transmettre la couleur du véhicule avant de perdre le réseau pendant plusieurs heures. Il faudra attendre 18h avant qu’ils puissent envoyer une localisation à jour. La police et les pompiers retrouvent enfin le camion pour les secourir. Tout le monde va bien.
« Merci, les urgences sont là. Sans vous, nous serions tous morts cette nuit. »
« Mes amis et moi embrassons votre travail acharné », écrit Dilman Mohammad, 16 ans, à Chloé et Phil.
Au moins deux personnes ont été interpellées par la police aux frontières avant d’être laissées libres le lendemain. Toutes tenteront à nouveau de traverser dans quelques jours.
À la frontière, plus les contrôles augmentent, plus les personnes prennent de risques. Au moins 25 personnes sont décédées cette année, soit 30% de plus qu’en 2022. La loi immigration du ministre de l’Intérieur ne viendra qu’empirer la situation.