Utopia 56 a annoncé le dépôt d’une plainte auprès du procureur de la république de Dunkerque, contre X pour des faits d’homicide involontaire et d’omission de porter secours par les forces de l’ordre. Dans la nuit du 2 au 3 mars 2024, Jumaa al Hassan, un jeune homme de 27 ans, est mort dans le canal de l’Aa, sous les yeux de la police qui tentait d’empêcher le départ d’une embarcation vers l’Angleterre.

Jumaa avait 27 ans, était syrien et fuyait le régime de Bashar Al-Assad. Il aurait dû
bénéficier d’une protection internationale. Il aurait aussi dû être sauvé par les policiers tout proches et être recherché suite aux alertes des témoins sur place et des équipes d’Utopia 56. Pourtant, aucun service n’a agi, et c’est 16 jours plus tard qu’il est retrouvé mort sur le bord du canal.

Depuis, son oncle a déposé une plainte, jointe à l’instruction en cours auprès de la juridiction interrégionale spcialisée (JIRS) de Lille. À l’heure actuelle, la JIRS ne s’attache qu’à un pan de la question : qui a organisé le départ ? et non à déterminer les circonstances qui ont mené à la mort de Jumaa.

S’il n’y a pas lieu de remettre en cause le travail d’investigation des enquêteurs, il apparaît qu’un angle mort est maintenu dans cette affaire. C’est ce que révèle l’enquête journalistique parue dans Disclose ce mardi 08 juillet 2025 et ce que la plainte d’Utopia 56 demande : faire la lumière sur les responsabilités des forces de l’ordre, pourquoi ont ils gazé alors que la situation du lieu était dangereuse, pourquoi
n’ont-ils pas secouru Jumaa ?

Depuis plusieurs années que les moyens mis par les États français et anglais à la frontière franco-britannique se concentrent sur l’entrave aux départs des embarcations, les alertes des associations sont claires : l’intervention de la police accroît la probabilité de décès et pousse même à prendre des risques encore plus grands pour s’assurer un départ, une chance.

Alors que la France s’apprête à élargir le périmètre d’intervention des forces de l’ordre
en mer, qu’elle se félicite de voir des gendarmes lacérer des bateaux au couteau alors que des personnes sont à bord, la mort de Jumaa est la preuve que toute surenchère policière et sécuritaire ne produit qu’un seul effet, celui de mettre en danger et non celui de sauver des vies.

Seul un accueil global en Europe et des voies d’arrivées sûres et sans entrave vers
l’Angleterre feront cesser ce cycle mortifère qui se nourrit des drames qu’il génère.