Ce lundi 5 décembre, la préfecture du Val-de-Marne, département où étaient initialement installés plus de 400 mineurs isolés étrangers déplacés actuellement devant le Conseil d’Etat, a fait savoir aux associations qui accompagnent ces jeunes qu’environ 500 places ont été mises à disposition pour les héberger. Pour que la mise à l’abri ait lieu, la Préfecture demande à ce que les jeunes retournent au campement d’Ivry-sur-Seine, sous le pont Mandela, où il n’y a plus de tentes et où ils ont été invisibilisés pendant 6 mois, sans qu’aucune proposition ne leur soit faite, malgré les nombreuses alertes des associations.
Si l’annonce de la mise à disposition de 500 places d’hébergement d’urgence a été accueillie par les associations avec soulagement, nous demandons que la mise à l’abri intervienne dès ce soir. Nous ne comprenons pas que la mise à l’abri soit conditionnée au retour des jeunes au campement d’Ivry-sur-Seine.
Alors que les températures sont proches de 0° et que l’hiver s’installe, il est urgent que les mineurs isolés étrangers présents sur le campement place du Palais Royal soient immédiatement évacués vers les dispositifs d’accueil, depuis le lieu de leur mobilisation. Le bras de fer institutionnel qui se matérialise par cette demande de retour à Ivry-sur-Seine ne peut perdurer.
Depuis le déplacement des tentes devant le Conseil d’Etat le vendredi 2 décembre, 12 jeunes ont été transportés aux urgences, en hypothermie avancée et dans un état d’épuisement physique et mental. Après six mois sous des tentes, avec des températures glaciales, plusieurs jeunes ont développé des infections respiratoires aiguës et des engelures aux mains et aux pieds. Ces pathologies sont la conséquence directe de l’exposition au froid. Elles risquent de s’aggraver si la promesse de mise à l’abri ne se concrétise pas immédiatement.
Cette proposition de mise à l’abri intervient dans une situation d’urgence humanitaire et elle représente une solution temporaire qui ne saurait remplacer la mise à disposition pour l’ensemble des mineurs isolés étrangers présents sur le territoire français de places d’hébergement adaptés et pérennes au sein des dispositifs de protection de l’enfance.
La France, signataire de la Convention internationale des droits de l’enfant, doit appliquer le principe de présomption de minorité et prendre en charge ces jeunes jusqu’à ce qu’un juge des enfants ait statué sur leur âge. L’inaction de l’Etat et des conseils départementaux, respectivement en charge de l’hébergement inconditionnel en période hivernale et de la protection des mineurs au titre de l’enfance en danger, sans condition de nationalité, doit cesser.