Après une large opération de mise à l’abri de mineur.es isolé.es en recours survivant dans des campements de la métropole lilloise organisée par la Préfecture du Nord en juin 2022, 20 jeunes sont aujourd’hui menacés d’être remis à la rue sans aucune solution d’hébergement proposée par les institutions.
Pendant plusieurs mois, un campement avait pris place à Lille Sud, au parc de l’Adventure, regroupant des jeunes en recours de minorité : il s’agit de mineur.es isolé.es étranger.es arrivés seuls sur le territoire dont l’évaluation de minorité menée par le département a été négative et qui ont entamé une procédure de recours devant le juge des enfants.
Le 15/06, l’association Utopia 56 reçoit un appel de la préfecture annonçant que les jeunes de ce campement allaient être mis à l’abri, premièrement dans des lieux temporaires, puis de manière pérenne dans des structures adaptées. Le 16/06, un bus arrive effectivement sur le lieu du campement, permettant la mise à l’abri de 45 jeunes dont une jeune fille.
29 ont été mis à l’abri au CAES de Flers-en-Escrebieux. S’agissant d’un dispositif pour adultes peu adapté pour les jeunes, et du fait de l’éloignement des lieux leur permettant d’effectuer leurs démarches administratives, quelques jeunes ont quitté les lieux, et 2 ont été placés par la suite en foyer de l’Aide Sociale à l’Enfance suite à une réévaluation de leur minorité. Ils sont aujourd’hui 20 au centre de Flers-en-Escrebieux, 14 au CAES de Trih-Saint-Léger à côté de Valenciennes, et la jeune fille au centre maternel de Somain.
A la suite de cette mise à l’abri, des salarié.es du département se sont rendus sur place afin de collecter les documents administratifs des jeunes, en vue de réévaluer leur minorité. Deux jeunes ont bénéficié d’une Ordonnance de Placement Provisoire (OPP) dans un foyer pour mineurs. À ce jour, tous n’ont pas été réévalués.
Le 11/07, deux jeunes ont prévenu les associations que le personnel du centre de Flers-en-Escrebieux leur avait annoncé qu’ils devraient quitter les lieux le lundi 18/07, sans aucune solution proposée pour la suite. Ces jeunes sont encore en procédure de recours ou sur le point de lancer leur procédure de recours, ils ont donc le droit d’être sur le territoire français. Nous craignons que la même situation ne se présente pour les jeunes présents au centre de Trith-Saint-Léger.
Or, la loi dit explicitement que « Toute personne accueillie dans une structure d’hébergement d’urgence doit pouvoir y demeurer jusqu’à ce qu’une orientation lui soit proposée… vers un hébergement stable ou de soin, ou vers un relogement, adapté à sa situation » (Article L 345-2-3 du Code de l’action sociale et des familles). Si les jeunes sont expulsés des centres dans lesquels ils ont été mis à l’abri, ils seront forcés de retourner survivre dans la rue, sur des campements insalubres, et de subir le harcèlement des forces de l’ordre.
En effet, la police nationale se rendait régulièrement sur les précédents campements afin de contrôler les jeunes, tout en sachant très bien leur situation. Cette pression est allée jusqu’à l’enfermement de 4 mineurs dans les centres de rétention administrative de Coquelles et de Lesquin. L’un d’eux est encore enfermé à l’heure actuelle, et vit tous les jours dans la crainte d’être renvoyé dans le pays qu’il a fui.
Nous, associations signataires, demandons à ce que des solutions d’hébergement pérennes soit proposées à l’ensemble des jeunes aujourd’hui aux CAES de Flers-en-Escrebieux, de Trih-saint-Léger et de Sommain.
SIGNATAIRES
- Centre de la Réconciliation
- Solidaires étudiant.e.s Lillle
- Wambrechies Entraide Réfugiés
- Secours Catholique
- EXOD
- Banta
- Patron.ne.s Solidaires
- Utopia 56