Depuis plusieurs années, des associatifs, des militants et des personnes exilées alertent sur la situation inhumaine qui s’inscrit dans le Calaisis. Nous assistons quotidiennement à des formes de violences psychologiques et physiques à l’encontre des personnes exilées : expulsions toutes les 48h voire quotidiennes ; confiscation et destruction des effets personnels ; multiplication des arrêtés anti-distribution de nourriture et d’eau ; humiliations ; coups et blessures de la part des forces de l’ordre…
Et l’escalade de la violence ne s’arrête pas. Il y deux semaines, des nouvelles mesures ont été mises en place. A quatre reprises, l’État a posé des rochers sur un lieu de distribution de Coquelles empêchant tout accès aux associations pour distribuer des denrées de première nécessité aux personnes exilées. Des interdictions se sont multipliées ensuite sur l’ensemble des lieux de vie des personnes, rendant illégales toute distribution.
Depuis les années 1990, cette politique de non-accueil a entraîné plus de 300 décès. La semaine dernière encore, Yasser est mort écrasé par un camion. Il voulait rejoindre son rêve, l’Angleterre avec l’espoir d’une vie meilleure.
Face à ce constat alarmant, l’État a été interpellé mais aucune réponse satisfaisante n’a été apportée. Aucun dialogue n’étant possible, 3 calaisiens ont décidé d’entamer une grève de la faim qui prendra effet lundi 11 octobre 2021 à 16h à l’église Saint-Pierre de Calais avec pour attentes :
- Suspension des expulsions quotidiennes et des démantèlements de campements durant la trêve hivernale ;
- Durant cette même période, arrêt de la confiscation des tentes et des effets personnels des personnes exilées ;
- Ouverture d’un dialogue citoyen raisonné entre autorités publiques et associations non mandatées par l’État, portant sur l’ouverture et la localisation de points de distribution de tous les biens nécessaires au maintien de la santé des personnes exilées.
Les consciences humaines s’habituent à tout, même à l’intolérable. Cette grève de la faim vise à réveiller les intelligences, et à faire entendre à nouveau le caractère scandaleux et proprement inimaginable, dans un pays comme la France, en 2021, de la condition à laquelle sont réduites, volontairement, les personnes exilées par la puissance publique.