Mercredi 30 mars, après de longues semaines d’alertes auprès de la préfecture et la mairie de Rennes, l’occupation du gymnase de la Poterie par plus de 70 personnes à la rue prenait fin. Avec à la clé, plusieurs solutions trouvées dans le dispositif d’hébergement du 115 et en Centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA).
Un mois plus tard, alors que la trêve hivernale vient de se terminer, les familles sont revenues au point de départ, avec près de 60 personnes, dont 26 enfants, menacées d’être remises à la rue d’ici à la fin de semaine. Le schéma est toujours le même : des familles hébergées seront remises à la rue pour que d’autres puissent reprendre ces mêmes places. Ce système de roulement, mis en place par …la mairie et la préfecture… est constant et ne permet pas à ces familles de pouvoir se stabiliser. De ce fait, les enfants n’ont pas d’ancrage stable et ne peuvent pas avoir une scolarité saine.
Au cours des dernières semaines, Utopia 56 a déjà dû installer une vingtaine de personnes sous tente, au square de la Touche dans le nord-ouest de Rennes, faute de places d’hébergement et de solutions plus adéquates à leur situation. Parmi ces personnes, de nombreux enfants vivent donc sans toit, sans réelles conditions de vie dignes et dans une insécurité constante. Avoir un toit est un droit auquel chacun·e devrait avoir accès, peu importe sa situation administrative, sa nationalité ou son origine.
Aujourd’hui, faute de places disponibles, les équipes d’Utopia 56 se voient assurer un service d’accompagnement et d’hébergement d’urgence citoyen. Une partie des familles est obligée de compter sur notre réseau d’hébergement solidaire. Pour les autres, des tentes et duvets pour passer la nuit dehors sont distribués et à nouveau, nous repartons dans le cycle de recherche d’hébergement.
“Ce matin, j’ai commencé ma journée par l’appel d’une mère seule avec ses trois enfants qui n’a pas d’autre solution que de dormir à la rue. Les enfants sont scolarisés à Rennes, mais aucune place n’est disponible dans le dispositif 115. Nous sommes confrontés à des situations inacceptables, comment peut-on encore accepter que des enfants vivent à la rue ? ” Olivier Ceccaldi, coordinateur d’Utopia 56 Rennes.
La crainte de ces remises successives et nombreuses à la rue est la reformation d’un campement, comme celui des Gayeulles les précédents étés. Les associations rennaises qui viennent en aide aux personnes sans abris et exilées ne pourront pas gérer un nouveau campement qui ne fera que donner une fois de plus l’impression que ces familles sont prises en charges et qui permettra à l’État de se dédouaner de toute responsabilité.
Pour un accueil digne, solidaire et inconditionnel de toutes les personnes à la rue, les dispositifs d’hébergement d’urgence gérés par les autorités publiques (115 et autres dispositifs) doivent enfin être dimensionnés pour éviter les passages à la rue et permettre un hébergement pérenne de ces familles.