Depuis deux mois, plus de 110 jeunes survivaient sous le périphérique dans le nord de Paris. Malgré des alertes répétées auprès de la mairie de Paris et à la préfecture d’Ile-de-France, seule l’agression physique de plusieurs jeunes du campement aura enfin décidé les autorités à organiser mardi matin leur mise à l’abri. À peine arrivés au centre d’hébergement, 27 jeunes s’en sont vus refuser l’accès et remettre à la rue. 

Mardi 3 mai, sur les 108 jeunes montés dans les bus mis en place par la préfecture, 27 sont arrivés dans un centre d’hébergement de Clichy, géré par l’opérateur Alteralia. À peine arrivés, une notification de fin de prise en charge leur a été remise et aucune autre solution d’hébergement ne leur a été proposée. La raison donnée, dans le document signé par le chef du pôle de coordination interministérielle de la préfecture des Haut-de-Seine, mentionne la procédure de recours entamé par ces jeunes devant le juge des enfants. La préfecture étant pourtant informée de cette situation.

Un communiqué de presse mensonger a notamment été publié sur Twitter par la préfecture d’Ile-de-France mentionnant que : “Toutes les personnes prises en charge lors de ces opérations se voient proposer un hébergement”.

Cette opération intervenait dans un contexte de tensions suite à une agression par des personnes du voisinage le 1er mai, pendant laquelle plusieurs jeunes ont été blessés, dont un transféré à l’hôpital.

Au soir du 3 mai, ces mêmes jeunes ont été rejoints par une quinzaine d’autres qui avaient quitté le campement de peur d’une nouvelle agression ainsi qu’une dizaine de nouveaux arrivants rencontrés par Utopia 56 à la sortie du dispositif d’évaluation de l’Aide sociale à l’Enfance, sous-traité à la Croix-Rouge. Faute d’autres repères dans la ville, ils ont souhaité réinstaller leur tente sur le lieu où ils survivaient la veille. À peine installés, sept cars de CRS sont arrivés pour leur interdire l’installation et les repousser hors de Paris, menaçant de “les pourchasser” où qu’ils aillent.

Après plusieurs heures d’errance dans les rues de Paris, suivis par la police, les jeunes ont finalement pu installer leur tente dans un square de l’est parisien pour y passer la nuit. Des bénévoles d’Utopia 56 sont restés avec eux afin d’assurer une présence et de les rassurer.

«Malgré leur inquiétude et leur fatigue, ils veulent être entendus et visibilisés. Ils ne comprennent pas le traitement injuste envers eux !» Océane Marache, coordinatrice Utopia 56 Paris.

Suite à ces situations de maltraitance et de harcèlement institutionnelles qui ne font qu’aggraver la détresse à la fois physique et psychologique de ces jeunes, la préfecture refuse d’établir tout dialogue avec nos associations. Aucune solution n’ayant pu être trouvée, ils dormiront ce soir encore à la rue. 

En 2021, environ 65% des jeunes accompagnés par Utopia 56, d’abord refusés par l’Aide sociale à l’enfance, ont finalement été reconnus mineurs et pris en charge par l’ASE, souvent après avoir passé plusieurs mois à la rue. Le comité des droits de l’enfant de l’ONU vient de confirmer l’ouverture d’une enquête contre la France pour sa gestion de la prise en charge des Mineurs Non Accompagnés.

Consciemment et en dépit de leurs responsabilités, Emmanuel Macron, Adrien Taquet, Anne Hidalgo, Dominique Versini et tant d’autres remettent chaque jour des enfants face à la solitude, aux violences et dangers de la rue. Nous demandons des solutions immédiates afin d’en sortir ces jeunes et ainsi mettre fin au harcèlement policier commandé par l’État auquel ils font quotidiennement face.