Depuis le vendredi 6 janvier 2023, neuf mineurs isolés ont été remis à la rue par le département d’Indre-et-Loire, sans aucune solution pour se mettre à l’abri. Ils ont été accueillis en urgence par des hébergeur.euses bénévoles solidaires, mais dans quelques jours, faute d’autre solution, ils installeront leurs tentes dans les rues de Tours.
En ce début d’année 2023, nous constatons que les remises à la rue par le département d’Indre-et-Loire sont déjà très nombreuses. A titre de comparaison, sur la même période, l’an passé, 2 jeunes avaient été remis à la rue. En parallèle, les associations citoyennes comme Utopia 56 ne disposent plus des ressources nécessaires pour accueillir ces jeunes en urgence et à long terme ni pour les accompagner, car actuellement près de 35 jeunes sont accueillis et/ou accompagnés par l’association et nous arrivons à saturation.
En outre, les jeunes remis à la rue par le Département d’Indre-et-Loire se retrouvent sans solution d’hébergement. Ils ne peuvent prétendre à un hébergement d’urgence au 115, car considérés comme mineurs par les services de l’État et ne peuvent être pris en charge par la protection de l’enfance car considérés comme majeurs.
“Il y avait une personne, quand je lui ai raconté mon histoire, elle ne m’écoutait pas. Elle m’a tout de suite jugé majeur et ensuite, je sentais les questions comme un piège” – Adama, mineur remis à la rue par le département d’Indre-et-Loire et entamant un recours de reconnaissance de minorité.
Remis à la rue, ces mineurs se retrouvent confrontés à de nombreuses problématiques du fait de leurs vulnérabilité ; ils sont exposé.es aux phénomènes de traite des êtres humains, d’emprise par des réseaux de petite délinquance ; les conditions de vie à la rue ont aussi un impact sur leur état de santé général. Malgré de nombreuses relances, le département d’Indre-et-Loire ne répond à aucune demande de rencontre avec les associations de terrain. De même, il n’existe aucun dialogue entre les institutions (département / préfecture / mairie) qui permettrait à ces jeunes de garantir le principe de continuité de l’hébergement défini à l’article L345-2-4 du Code de l’Action Sociale et des Familles (CASF) ; et ainsi mettre fin au passage systématique par la rue des mineurs sortis des services de l’aide sociale à l’enfance du département.
Enfin, il est à noter que même si ces jeunes sont considérés comme majeurs au terme d’une évaluation de leur minorité par le département, plus de la moitié de ces jeunes seront finalement considérés comme mineurs au terme d’un recours fastidieux de plusieurs mois menant à une décision du juge des enfants. Il est donc nécessaire de rendre le recours de reconnaissance de minorité, suspensif de la décision d’exclusion des dispositifs de l’aide sociale à l’enfance, pour permettre à ces jeunes d’effectuer leurs démarches de recours ou de préparer leur sortie des dispositifs ASE vers des hébergements d’urgence.
“Notre association citoyenne ne peut pas pallier les défaillances des institutions en matière d’accueil des plus vulnérables. Nous n’avons plus de solutions d’hébergement pour les jeunes qui se présentent et nous craignons de devoir distribuer des tentes dans les jours à venir. C’est pour cela que nous demandons en urgence la fin des remises à la rue sèche par le Conseil Départemental d’Indre-et-Loire et une concertation rapide entre les différents acteurs pour trouver des solutions pérennes.” – Marine, coordinatrice d’Utopia 56 Tours.