Hier, jeudi 4 mai, les autorités ont procédé à l’évacuation du camp de Mardyck sur lequel survivaient au moins 300 personnes exilées. Alors que les associations ont été empêchées d’accéder au campement et de mener à bien leurs activités, ce dispositif sécuritaire a eu pour unique conséquence de précariser toutes ces personnes, déjà en situation de grande vulnérabilité.

En effet, si des personnes ont accepté de monter dans les bus affrétés par l’Etat, une majorité d’entre elles, dont des familles et des mineur·e·s non accompagné·es, a refusé d’être éloignée du littoral, gardant l’espoir de rejoindre le Royaume-Uni, leur dernière chance, malgré les risques pour leurs vies. Hier, en début d’après-midi, nos associations ont par ailleurs été témoins d’une véritable chasse à l’homme aux abords du campement : pourchassées par les forces de l’ordre et menacées d’être interpellées, les personnes ont tenté de fuir comme elles le pouvaient. Nous avons été témoins de plusieurs arrestations (au moins 15) et sommes sans nouvelle de certaines personnes accompagnées, dont une femme suivie par le Refugee Women’s Centre en attente d’un test de grossesse. Des témoignages de personnes expliquent qu’on ne leur a laissé le choix qu’entre monter dans les bus sans savoir où ils partaient, ou être interpellés.

Des dizaines d’hommes, femmes et enfants,  emmenés par les bus en hébergement hier sont déjà de retour sur Mardyck aujourd’hui. Toutes ces personnes, que nos associations accompagnent au quotidien, se trouvent maintenant en errance sur le dunkerquois, sans aucune autre solution que de se cacher pour échapper aux forces de l’ordre. 

La politique du ministère de l’Intérieur qui vise à chasser, harceler, « mettre à l’abri » de force des personnes, les met en danger et les incite à prendre des risques accrus pour rejoindre le Royaume-Uni, dans l’espoir d’une vie meilleure. 

Médecins du Monde, le Refugee Women’s Centre et Utopia 56 dénoncent l’approche sécuritaire de l’Etat, improductive et dangereuse. Nous dénonçons la violence de cette expulsion, cette chasse à l’homme et les entraves à la solidarité. Nous demandons la mise en place de solutions durables et dignes, dans le respect du droit, sur le littoral.

Signataires :  Médecins du Monde, Refugee Women’s Centre et Utopia 56