Il est 20h ce mardi 20 juin quand près de 450 jeunes isolés, accompagnés d’une centaine de bénévoles, s’installent sous tentes devant le Conseil d’État à Paris. Cette action avait pour but de visibiliser la détresse de ces jeunes qui survivaient depuis plus de deux mois dans une école désaffectée et d’ouvrir un dialogue avec l’État jusque-là inexistant. La réaction du ministère de l’Intérieur a été un déversement de violences par la préfecture de police. 66 jeunes et bénévoles ont été interpellés, six autres ont dû être hospitalisés.

Les jeunes dont nous parlons ici ont quitté leur famille, leurs amis, leur maison, leur pays avec l’espoir de trouver une société d’accueil. Ils ont traversé le désert, les montagnes et la mer Méditerranée avant d’arriver ici à Paris, seul et sans ressource. Beaucoup ont enduré la violence, la discrimination, certains, la torture et la traite. 

Selon le droit international, tous ces jeunes devraient être considérés mineurs par l’État avant une éventuelle décision contraire d’un juge des enfants.

Aux alentours de 21h hier soir, en réponse à la mise en place d’une nasse policière autour de la place, une chaîne de solidarité s’est formée autour des jeunes aux appels de “Liberté, Égalité”. Au fil des heures, des fonctionnaires de la BRAV-M et de la police nationale ont fait usage de la violence afin d’extraire en plusieurs phases certains jeunes et bénévoles de la nasse, conduisant à la destruction d’une trentaine de tentes données par les associations. Environ 200 policiers étaient mobilisés.

Les violences n’ont cessé de s’enchaîner contre ces participants pacifiques : des jeunes isolés ont été frappés et traînés sur le sol, des bénévoles ont été étranglés et aspergés de gaz lacrymogène, des avocats et députés ont été violentés et poussés à terre. De nombreux policiers ont été entendus prononcer une dialectique d’extrême-droite : « qu’ils rentrent chez eux », « Prenez-les chez vous ». Les numéros d’identification RIO de bon nombre de fonctionnaires n’étaient pas visibles.

Au cours de la soirée, la préfecture de police a interpellé une trentaine de jeunes et une dizaine de bénévoles sans motif. Une grande majorité a finalement été libérée dans la nuit sans aucune poursuite.

Aux alentours de 3h, après une escorte forcée sur près de 5 km jusqu’au square Jules-Ferry du 11ᵉ arrondissement de Paris, une distribution alimentaire a pu être organisée par les associations et les jeunes ont pu se reposer quelques heures, à même le sol, sans tente ni couvertures, avant d’être de nouveau poussés à l’errance par la police municipale.

Au vu d’une situation de crise humanitaire passée sous silence par l’État, les associations et les jeunes ont pris la décision de ne pas retourner dans l’école désaffectée du 16ᵉ arrondissement, un huissier est venu attester notre départ. Nous dénonçons un déferlement de violence inouï et continuons de demander simplement la mise en place d’un dialogue constructif avec les autorités compétentes.

Dès ce mercredi soir, les associations seront de nouveau auprès des jeunes afin de les accompagner au mieux et continueront à se mobiliser pour le respect du droit et de la dignité humaine.

Plusieurs signalements seront déposés aujourd’hui auprès de la Défenseure des Droits. Des plaintes au pénal sont également en réflexion.

Ce mardi 20 juin symbolisait pourtant la journée mondiale des réfugiés.