Depuis quelques jours, le regard se pose sur la violence instaurée par l’État au travers de sa police suite à l’imposition de la réforme des retraites par le gouvernement.

Cette violence-là, Utopia 56 en est témoin de manières répétées et organisées depuis des années à Paris, à Calais, mais également par d’autres associations et citoyen·nes à Briançon, dans la vallée de la Roya et ailleurs.

Ces personnes viennent d’au-delà de nos frontières, elles sont migrantes, exilées. Beaucoup d’entre elles survivent dans la rue, sans ressource et souvent seules.

Les nasses et les arrestations arbitraires lorsque des personnes manifestent pour leurs droits, l’intimidation et les insultes en dehors et au sein des commissariats, les humiliations collectives parquées le long des murs, la violence physique illégitime à coups de poings, de gaz et de matraques, sont communes. Beaucoup garderont un traumatisme à vie de ces violences et ne pourront jamais voir la police comme une institution qui les protège.

Si les plaintes et les preuves sont rares, c’est que beaucoup de ces personnes ont peur que des répercussions sur leur intégration et leur droit au séjour puissent exister. Beaucoup acceptent cette violence en silence par peur d’une vengeance de l’État dont elles ne pourraient se défendre. Les quelques plaintes qui sont déposées par courage et abnégation finissent classées puis oubliées, comme celles déposées par 33 victimes après les expulsions particulièrement violentes du campement de Saint-Denis puis de la place de la République le 18 et 23 novembre 2021. Le parquet a machinalement considéré la violence d’État légitime.

Depuis l’existence d’Utopia 56 et malgré des centaines de témoignages, jamais l’État n’a été inquiété, jamais aucun responsable n’a eu à répondre de ces violences. L’IGPN, elle aussi saisie à plusieurs reprises, est loin d’avoir rempli son rôle.

Cette violence policière méthodique a son objectif : terrifier pour dissuader.

Dissuader de manifester ses droits et ses espoirs, dissuader de chercher refuge en France comme en Europe.

Cette violence dissuade aussi celles et ceux qui viennent en aide, les bénévoles, souvent jeunes, qui du soir au matin s’engagent pour redonner un sens aux droits fondamentaux qui fondent notre devise et constitution. Au-delà des contrôles d’identité illégitimes à répétition, de l’intimidation et des entraves, ce sont plus de 20 000€ d’amendes illégales qui ont été attibuées à nos bénévoles ces trois dernières années.

Parallèlement aux séquelles individuelles, cette violence d’État légitime la stigmatisation, la haine et la violence dans l’ensemble de la société. Ce mardi, dans le même temps que les manifestations, le maire de Saint-Brevin a vu son domicile et ses véhicules incendiés parce qu’il porte l’ouverture d’un centre d’accueil pour des personnes en demande d’asile. Le gouvernement n’a, pour l’instant, pas réagi à cette attaque.

Afin que ces violences s’arrêtent et que justice soit faite, nous demandons que des poursuites soient ouvertes à l’encontre du Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et bon nombre de préfets qui, hier comme aujourd’hui, organisent la violence et contribuent au désordre public.

Nous appelons tous les citoyens et agents de l’État, témoins ou victimes, à documenter, à s’opposer et à dénoncer ces pratiques. Cette violence que le gouvernement refuse de reconnaitre doit cesser immédiatement.