Depuis le début du printemps et les conditions météorologiques favorables, le nombre de personnes arrivant sur le Dunkerquois pour tenter la traversée en embarcation de fortune augmente. Le nombre de femmes et de familles survivant dehors explose. En avril 2025, le Refugee Women’s Centre a rencontré plus de 400 familles différentes, soit le double par rapport à la même période en 2024 (200 familles). Le 6 mai 2025, le Refugee Women’s Centre a rencontré plus de 60 nouvelles familles en une journée, dont au moins 15 femmes enceintes et trois familles avec des enfants en situation de handicap. Cette situation est symptomatique de l’urgence humanitaire qui prévaut à Dunkerque

Les dispositifs d’hébergement d’urgence sont à saturation. Le 115, censé être le premier recours en hébergement d’urgence inconditionnel, nous répond inlassablement : « Désolé, on n’a pas de places. » Ce matin encore, les Centres d’Accueil et d’Évaluation des Situations (CAES) ont pu accueillir quelques personnes mais ont laissé sans solutions plusieurs familles. Ils affichaient complets. Aucune alternative institutionnelle n’est actuellement proposée dans le Dunkerquois.

Sur ces lieux de vie, au moins 1200 personnes survivent dans des conditions indignes, exposées à l’insécurité et au manque d’accès aux soins et à l’hygiène.

Et pourtant, récemment, Vincent Lagoguey, préfet délégué pour la défense et la sécurité, affirmait :

« Dans les CAES du Nord, nous avons actuellement 655 places […] qui ne sont pas occupées à 100 %. Lorsque nous proposons des places, entre 45 et 50 % des personnes les refusent. » (réunion publique à Loon Plage, mardi 29 avril 2025).

Les associations ne peuvent plus assurer le soutien matériel d’urgence aux familles. Malgré les interpellations et les mails d’alerte, la préfecture reste muette.  Aucune solution d’hébergement adaptée n’est proposée aux personnes. Par contre, les opérations d’expulsions se multiplient, une à deux par semaine depuis le début du mois d’avril. Chaque fois le matériel est volé et détruit.

Cette politique de non-accueil aggrave une situation déjà intenable. Elle nie la dignité humaine. Elle fait peser sur des personnes vulnérables un surcroît de violence, d’errance, d’humiliation.

Nous, associations de terrain, dénonçons avec force :

  • L’absence de réponse humanitaire adaptée ;
  • L’usage systématique des expulsions, sans alternatives ;
  • La contradiction flagrante entre les discours officiels et la réalité du terrain ;
  • Une politique de non-accueil marquée par un racisme décomplexé, qui invisibilise les personnes bloquées à la frontière et les précarise davantage.

Face à cette urgence, nous appelons les pouvoirs publics à :

  • Mettre immédiatement à disposition des places d’hébergement en nombre suffisant et de façon inconditionnelle ;
  • Suspendre les expulsions tant qu’aucune solution digne n’est proposée ;
  • Agir avec humanité et responsabilité, en cessant de criminaliser la précarité.

 

Laisser des enfants, des familles et des personnes dormir dehors n’est pas une fatalité, c’est un choix politique.