Depuis six mois, des centaines d’adolescents étrangers survivent sous les ponts à Ivry-sur-Seine, à la périphérie de Paris. Puisque cette crise humanitaire rencontre le silence des autorités en se tenant à Ivry-sur-Seine, associations et jeunes décident de se déplacer devant le Conseil d’État afin de visibiliser cette situation et accéder à des hébergements d’urgence en Ile-de-France.

Depuis le 10 juin dernier, où de premiers jeunes se sont retrouvés entre les berges de Seine et une départementale, faute de mieux, le campement n’a cessé de s’étendre. À chaque refus prononcé par les Départements quant à leur minorité,  ces jeunes sont remis à la rue. Tous pourtant ont entamé une procédure de recours devant le juge des enfants. Les associations ont transmis le 15 novembre à la préfecture d’Ile-de-France une liste de près de 500 jeunes en situation d’errance.

Depuis six mois, des associations, la mairie d’Ivry-sur-Seine et de nombreux députés ont alerté par courrier les préfectures du Val de Marne et d’Ile-de-France. Une manifestation a eu lieu le 9 octobre devant la préfecture du Val de Marne. Depuis des mois, nos associations demandent à échanger avec Charlotte Caubel, secrétaire d’État à la protection de l’enfance, ce qu’elle a toujours refusé jusqu’à maintenant. Aucune solution concrète n’a été avancée en tentant la voie du dialogue avec les autorités publiques.

Les associations Médecins Sans Frontières, Médecins du Monde et la Croix-Rouge, ont alerté à plusieurs reprises l’Agence régionale de santé quant à la détresse psychique et physique des jeunes, faisant état d’une situation alarmante. Les pathologies identifiées sont la conséquence directe de la vie à la rue, de la précarité et des mauvaises conditions d’hygiène. Il est impossible de soigner ces jeunes, sans intervenir sur leur environnement.

Les températures proches de 0°C de ces derniers jours viennent aggraver la situation. Certains jeunes n’ont ni chaussures fermées, ni manteaux. La présence de cinq toilettes de chantier et l’installation il y a deux semaines de 6 robinets d’eau ne respectent même pas, à moins d’1km de Paris, les normes sanitaires du Haut Commissariat aux Réfugiés, permettant un minimum de dignité.

Parmi les jeunes ayant survécu sur ce campement , au moins 116 ont finalement été reconnus mineurs et pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance. Ces 116 jeunes ont passé plusieurs semaines ou mois dans des conditions terribles, avant que l’erreur faite lors de leur évaluation ne soit finalement reconnue. Pour tous les autres, les procédures sont en cours et l’État continue d’abandonner consciemment des enfants à la rue, sans aucune ressource. Dans le même temps, une enquête de la commission des droits de l’enfants de l’ONU a été ouverte concernant le traitement par la France des mineurs non accompagnés.

Associations et jeunes, n’ont plus d’autres moyens que de manifester pacifiquement cette détresse afin d’accéder à des solutions d’hébergement et un accompagnement adapté. Parallèlement et dans le but de mettre définitivement fin à ces situations, associations et députés demandent à nouveaux la reconnaissance de la présomption de minorité telle qu’édictée dans la Convention Internationale des Droits de l’Enfant. 

Signataires :
Midis du MIE
Médecins Sans Frontières
Tara
Timmy
Utopia 56