Il est 18h sur le parvis de l’hôtel de ville de Paris. Comme chaque soir de l’année, le réseau d’hébergeur·ses solidaires d’Utopia 56 se mobilise afin de mettre à l’abri un maximum de familles et de femmes seules qui se retrouvent abandonnées sur les trottoirs de la capitale. Ce réseau en Ile-de-France compte plus de 400 hébergeur·ses actif·ves et a déjà permis de proposer 10 165 nuitées depuis le début de l’année, soit 2 026 personnes dont 768 enfants qui ont pu dormir à l’abri. 

Chaque soir, ce sont des femmes, des hommes et des enfants qui viennent demander de l’aide. Parmi les plus jeunes, certains ont tout juste quelques semaines quand d’autres sont scolarisés en primaire ou collège. Le plus jeune bébé n’était âgé que de 3 jours. Les bénévoles accueillent et accompagnent des femmes enceintes, parfois presque à leur terme, d’autres ont été victimes de violences ou encore des personnes d’un âge avancé qui ont de la peine à se déplacer.

Depuis 5 ans, le réseau d’hébergeur·ses solidaires d’Utopia 56 a permis de mettre à l’abri plus de 8 000 familles pour au moins une nuit. Chaque soir ces dernières semaines, ce sont entre 50 et 200 personnes qui viennent nous solliciter. Pour espérer répondre à l’ensemble des sollicitations, faute d’augmentation de la part de l’Etat du nombre de places d’hébergement d’urgence, il serait nécessaire de doubler notre réseau en comptant 1000 hébergeur·ses solidaires avant la fin de l’année 2022.

L’hébergement d’urgence consiste à accueillir pour une nuit une famille sans solution d’hébergement. L’objectif est simple : offrir un moment de répit hors des violences de la rue. Ces familles viennent de Côte d’Ivoire, d’Afghanistan, de Colombie, d’Albanie, du Maroc, de France et d’ailleurs. Toutes avec cette réalité commune d’être à la rue.

Pour devenir hébergeur·seuse solidaire, il suffit d’avoir un canapé, une chambre ou un espace pour accueillir en Ile-de-France. Après s’être inscrit sur le site utopia56.org, un·e référent·e hébergement contacte la personne et lui propose un rendez-vous, chez elle, afin de lui expliquer le fonctionnement et répondre à ses interrogations et peurs éventuelles. En fonction de ses disponibilités, l’hébergeur·se pour accueillir une première nuit très rapidement après ce rendez-vous.

« Rester ne serait-ce qu’une seule nuit dans un appartement, c’est vraiment important. Ça permet de se reposer, de ne pas se sentir isolés, de ne pas se sentir seuls », Omar et Korotoumou, hébergé·es par le réseau d’Utopia 56

Parallèlement à l’hébergement d’urgence, de nombreux hébergeur·ses se mobilisent sur le long terme pour accueillir des jeunes en recours de minorité à la rue. À l’heure actuelle, plus d’une centaine de jeunes sont sortis de la rue sur l’ensemble de nos antennes.

Partout en France, le 115, service public en charge de l’hébergement d’urgence, est saturé. Une situation qui force des milliers de personnes en position d’extrême vulnérabilité de passer leurs nuits à la rue. Si le manque de structure d’hébergement est une réalité opérationnelle pour le 115, elle dépend largement de choix politiques. Dès aujourd’hui, et afin de rendre compte des engagements d’Emmanuel Macron quant à la situation des personnes à la rue, il est indispensable de réévaluer la capacité d’hébergement d’urgence à la hauteur des besoins réels.

 

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