En France, le droit à un hébergement d’urgence est (était) inconditionnel. C’est-à-dire, que peu importe vos revenus, votre genre ou votre situation administrative, vous aviez le droit d’avoir un toit pour la nuit (article L. 345-2-2 du Code de l’action sociale et des familles).

La France ne respecte plus ce droit depuis longtemps, ce que dénonce régulièrement notre association. Les gouvernements successifs ont réussi à faire croire à la “saturation” et le Conseil d’État se plie gentiment, mais ça, c’est un autre sujet.

Cette semaine, la loi immigration est venue mettre fin à l’inconditionnalité de ce droit. Les personnes sous Obligation de quitter le territoire français (OQTF) ne pourront plus accéder à un hébergement d’urgence. La France décide donc d’imposer la rue à des dizaines de milliers de personnes supplémentaires.

À cette réalité s’ajoute le vote de la délivrance automatique d’OQTF pour les personnes qui se seraient vues refuser le droit d’asile, soit près de 100 000 personnes par an, originaires d’Afghanistan, Bangladesh, Soudan, République Démocratique du Congo, Palestine, etc.

Le fait est qu’une grande majorité de ces personnes resteront sur le territoire français pour y vivre, y travailler et soutenir leur famille restée derrière. Parmi ces personnes déboutées du droit d’asile, ce sont plusieurs milliers de femmes, souvent seules, avec enfants.

La France veut persuader les personnes de quitter le territoire en leur imposant la rue. Ça ne marchera pas. Cette violence aura pour seul impact d’accroitre la précarité et l’exclusion, continuant inlassablement de nourrir les discours populistes et démagogues.

À la situation de rue s’associent le froid, la faim, la soif, la solitude, la peur, la maladie, les violences physiques, psychologiques et sexuelles. Exclure de l’hébergement d’urgence et abandonner volontairement des milliers de femmes, hommes et enfants à la rue est à la fois stupide, abject et dangereux.

Cette loi impactera également le travail et l’engagement de dizaines de milliers de bénévoles et associations. Il faudra collecter et distribuer toujours plus de repas, de couvertures, de tentes, de vêtements, etc. Être simplement présent.

Si vous pensez au tant entendu « On ne peut pas accueillir toute la misère du monde »,. on parle ici de protéger des personnes à la rue, pas de nuitées au Ritz avec option spa et diner aux chandelles. La France en a largement les moyens et la capacité. Il faut réellement le vouloir et l’organiser, c’est tout.

Tout cela n’est qu’un aspect d’une loi fondamentalement immorale et destructrice du bien commun. Nous appelons donc chacun et chacune à se mobiliser contre la promulgation de cette loi, à désobéir et résister.