Ce jeudi 20 janvier se tient l’opération de communication publique “Nuit de la solidarité” à Paris ainsi que dans une dizaine de villes françaises. Derrière l’objectif public à “compter pour mieux agir”, Utopia 56, association citoyenne intervenant quotidiennement à la rue depuis 2016, alerte que les chiffres qui découleront de cette soirée donneront une représentation d’une situation à un instant figé et ne permettront pas de visibiliser la réalité des situations de rue subies par les personnes

En 2021, à Paris, les équipes d’Utopia 56 ont rencontré plus de 4 400 personnes à la rue dans le cadre de ses missions quotidiennes de mises à l’abri d’urgence à destination des familles et femmes seules à la rue. Chaque jour, cette liste des personnes rencontrées est communiquée à la Mairie de Paris et à la préfecture de Paris. Jamais la préfecture n’a formulé de réponse face à ces alertes. Les personnes à la rue sont ignorées tout au long de l’année, seul compte aux yeux de ces responsables politiques cette Nuit de solidarité. 

Dans cette opération de communication, il est aussi à noter que tout est fait par la préfecture pour minimiser les chiffres au moment du comptage. Ainsi, alors qu’une mise à l’abri était demandée depuis des semaines pour un campement au parc de Bercy, cette opération a eu lieu hier matin, la veille du comptage. Ce sont ainsi 279 personnes qui ne seront pas comptabilisées, même si elles étaient à la rue depuis des semaines et des mois. Toujours pour minimiser la situation des personnes à la rue, ce comptage ne prendra pas non plus en compte le nombre de personnes hébergées dans des habitats précaires tels que les squats qui représentent également plusieurs milliers de personnes. Selon la fondation Abbé Pierre, plus de 300 000 personnes sont actuellement sans abri en France. 

“Pour réellement trouver une solution pour les personnes à la rue, il est nécessaire de sortir des opérations de communication et de mener un constat réel de la situation et de ses causes. La présence et le maintien des personnes à la rue est aujourd’hui un choix politique”, Kerill Theurillat, coordinateur Utopia 56 Paris.

Parmi ces personnes à la rue, Utopia 56 accompagne en particulier les personnes demandeuses d’asile en Île-de-France. Chaque année environ 50 000 personnes y déposent une demande d’asile. Faute de structure adaptée à l’hébergement des personnes nouvellement arrivées sur le territoire, le passage par la rue leur est imposé pour des durées de plusieurs semaines à plusieurs mois. Des dizaines de milliers de personnes sont ainsi contraintes à la rue, entraînant la formation de campements indignes tels qu’on les connaît aujourd’hui à Paris en bordure du périphérique. Actuellement, un campement  rassemble une centaine de personnes originaires d’Afghanistan le long du canal de l’Ourcq, entre Paris et Pantin. À cela s’ajoutent de nombreuses situations de harcèlement des forces de police envers les personnes à la rue, régulièrement dénoncées en photos, vidéos et témoignages par notre association.