Madame la sous-préfète,

Hier, jeudi 21 octobre, un homme exilé est mort à la frontière franco-britannique. Il s’agit de la 305ème victime de la frontière depuis 1999. Comme Yasser le 28 septembre dernier, il est mort des politiques migratoires et de non-accueil mises en œuvre par les gouvernements français et britannique. Il est mort du refus de mettre en place de véritables voies sûres et légales de passage en Grande-Bretagne, il est mort de l’application obstinée du règlement Dublin et de l’absence de possibilité de régularisation en France , il est mort de la politique « zéro point de fixation » qui humilie quotidiennement les personnes exilées et les poussent à prendre des risques immenses.

Nous dénonçons ces politiques et faisons constamment des propositions concrètes. Vous le savez, nous vous interpellons, comme nous interpellons le préfet du Pas-de-Calais, les ministres de l’intérieur et de la cohésion sociale, le premier ministre et le président de la République, dans des courriers réguliers. L’ensemble de nos demandes et propositions font systématiquement l’objet d’une fin de non-recevoir. Certains d’entre nous, ne supportant plus la politique mise en œuvre, on fait le choix de faire une grève de la faim, en portant des revendications simples et claires. Nous les soutenons.

Vous nous avez invité à une rencontre ce vendredi 22 octobre à 18h30. Nous pensions nous y rendre et souhaitions entendre vos propositions pour répondre aux revendications des trois grévistes de la faim. Cependant, comme cela se fait depuis 5 ans maintenant, une commémoration en hommage à la personne décédée aura lieu à la même heure que la rencontre. Nous nous y rendrons et ne pourrons donc pas être présents à la rencontre à laquelle vous nous avez conviés.

Ces rencontres, qui ont lieu à intervalle plus ou moins rapproché, n’ont jamais été un espace de construction, mais sont un faux-semblant pour donner l’illusion de la discussion. En ce jour de commémoration nous ne jouerons pas à ce jeu-là.

Nous restons bien-sûr ouverts à la discussion et sommes en attente de vos réponses aux revendications légitimes, claires et simples des trois grévistes de la faim.

Utopia 56 – Calais
PS : pour votre parfaite information, les raisons de notre absence à cette rencontre seront partagées à la presse.