Ce matin à sept heures, quatre-vingts policiers sont intervenus sur le camp de la Friche St- sauveur où une dizaine de personnes était présente. Sous couvert d’une “enquête de police judiciaire”, six personnes ont été interpellées pour motifs administratifs. Selon un officier, il s’agirait de “dommages collatéraux”. Ces interpellations font partie de la longue liste d’amalgames que les autorités peuvent faire entre suspects dans une affaire judiciaire et personnes sans-papiers.

Sur place, des fourgons de la police nationale, de la brigade des mœurs, de la brigade des stupéfiants, mais également ceux de la Police de l’Air et des Frontières (PAF). Si l’opération n’est effectivement que d’ordre judiciaire, pourquoi la PAF est-elle présente sur le lieu avec 3 fourgons ?

L’utilité de la démarche pose également questions, plusieurs femmes vivant à la Friche St- Sauveur et probablement victimes de traite, ont été extraites du lieu de vie et interrogées quelques mètres plus loin dans les voitures de police, sans aucune confidentialité ou discrétion. Aucun travailleur social n’était présent pour les accompagner, aucune mise à l’abri ne leur a été proposée, la porte de la voiture s’est ouverte et la police les a invitées à en sortir. Effectivement, si la police enquête sur un réseau de traite ou de drogue, ils n’ont pris aucune précaution pour garantir la sécurité des femmes interrogées.

Bien entendu, les trafics doivent cesser, cependant une réponse brutale et policière à ces événements favorise le déplacement voire une invisibilisation du problème et ne permet pas sur le long terme de protéger les personnes victimes de ces trafics. Pour endiguer la situation, la réponse des autorités devrait être prioritairement d’ordre social. Or, l’intervention menée fut uniquement répressive.

Les structures de soins et structures sociales devraient avoir la possibilité et les moyens financiers de se rendre sur le lieu régulièrement afin d’évaluer la vulnérabilité des personnes rencontrées, les femmes parfois mineures, les personnes exilées, les mineurs non accompagnés, de les accompagner vers des structures adaptées et de les extraire de ce lieu de vie en proposant des solutions d’hébergement décentes et pérennes et un accompagnement adéquat.