Ce jeudi 28 octobre, à 13h30, 90 familles (environ 250 femmes, hommes et enfants) et 25 mineurs isolés en recours se sont installés sur le parvis de l’hôtel de ville de Paris avec notre aide pour demander l’accès à un hébergement d’urgence. Toutes ces personnes avaient dormi la veille au parc de Bercy et survivaient à la rue depuis plusieurs semaines. 

Quelques minutes après l’installation, les forces de l’ordre sont intervenues pour déloger par la force l’ensemble des personnes présentes, sans aucune discussion entre les personnes concernées, notre association et les effectifs de police.

Nous avons assisté à des scènes similaires des violents événements de la place de la République du 23 novembre 2020 : femmes enceintes forcées à sortir de leurs tentes, enfants bousculés par des policiers cagoulés et casqués, pères de familles séparés de leurs femmes et enfants, bénévoles pacifiques traînés au sol et molestés… Les journalistes sur place ont été entravés dans leur travail et empêchés de filmer.

Face à ces intimidations et ces violences, la moitié des familles initialement présentes a quitté le parvis. L’autre moitié est restée, malgré la pression policière, et a finalement pu accéder à un hébergement, soit 125 personnes.

Depuis plusieurs semaines, nous alertons la préfecture d’Île-de-France sur la nécessité de trouver un hébergement pour ces 250 personnes que nous suivons au quotidien et pour qui nous essayons de trouver des solutions dans notre propre réseau d’hébergement solidaire. Les services sociaux de la mairie de Paris ont également alerté la préfecture sur cette situation et demandé une mise à l’abri. La mairie et nous même n’avons rien obtenu, pas même une réponse. Le jeudi 21 octobre, nous avons directement fait part de cette urgence au préfet d’Île-de-France, Marc Guillaume, lors d’une réunion entre la préfecture et des acteurs associatifs à laquelle Utopia 56 avait été invitée. À nouveau, aucune réponse n’a été apportée. 

Alors, face au silence des pouvoirs publics, que faire ? Ce type de campement dans des lieux symboliques de Paris demeure aujourd’hui la seule possibilité d’obtenir des places d’hébergement. Toutes les personnes présentes hier avaient été prévenues du risque de répression et avaient fait le choix de venir, en désespoir de cause. Nous saluons la détermination des personnes qui sont restées sur place jusqu’à obtenir gain de cause, malgré les pressions et la violence.

Le gouvernement et le chef de l’Etat n’ont de cesse de rappeler qu’une évacuation de campement doit être systématiquement suivie de propositions de relogement. La réalité est tout autre. L’intervention de police d’hier est une honte et un scandale. En quelques heures, les pouvoirs publics auraient pu trouver des places d’hébergement pour l’ensemble des personnes présentes. La préfecture d’Île-de-France et la préfecture de police de Paris ont fait le choix d’apporter une réponse sécuritaire à une urgence humanitaire. 

Hier soir, et malgré la mobilisation organisée l’après-midi, une centaine de personnes en famille, n’ayant pas pu bénéficier de la mise à l’abri et ayant quitté les lieux du fait de la répression, nous ont sollicité pour un hébergement d’urgence. La plupart de ces personnes ont dormi dehors, sous une tente, invisibilisées à nouveau. 

Face à la répression, nous continuerons de mener des actions pacifiques pour obtenir des hébergements.