Samedi 21 septembre, le Premier Ministre Michel Barnier dévoilait la composition de son nouveau gouvernement : une formation politique préoccupante quant aux conditions d’accueil des personnes étrangères.
Dès ses premières prises de parole, le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, dit vouloir “ expulser plus, régulariser moins”. Il évoquait vouloir supprimer l’Aide Médicale d’État (AME) et rétablir le délit de séjour irrégulier. Des mesures déjà proposées dans la loi Asile & Immigration de l’année dernière et déjà invalidées par le Conseil constitutionnel, qui rappelait à l’occasion qu’il était nécessaire de garantir les droits fondamentaux aux personnes concernées.
L’AME représente moins de 0,5% des dépenses de santé de l’État et la supprimer entrainerait justement une hausse, car les soins urgents nécessaires représenteraient des prises en charges plus lourdes, à défaut d’avoir pu les prendre en charge en amont.
De même, annoncer une augmentation du nombre de délivrances d’OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français) n’est qu’une stratégie de communication : la majorité des personnes visées ne peuvent pas être légalement renvoyées. En 2022, moins de 7% des OQTF délivrées ont mené à une réelle expulsion.
Ce weekend, Bruno Retailleau a de nouveau pris la parole sur son programme, et c’est inquiétant : contrôles, rétention, renvois, une politique couteuse et centrée sur la répression.
En criminalisant le séjour irrégulier, en désignant comme délinquant des personnes qui fuient des situations de guerre ou de pauvreté, en réduisant l’accès à des services publics sur la base de la nationalité, le gouvernement crée un ensemble de mesures qui se veulent dissuasives et hostiles pour faire croire que cela permettra de limiter l’arrivée de personnes depuis d’autres pays.
Si revenir sur des droits donne davantage de légitimité aux idées de l’extrême droite, cela continuera de se révéler inefficace, surtout quand les pays d’origine sont en prise à des conflits ultraviolents et d’ampleur.
En contournant la réalité de la crise de l’accueil, parlant plutôt de “crise migratoire”, les gouvernements successifs justifient des années d’absence d’un accueil digne, des années de politiques répressives aux frontières, des années de mépris des droits humains.
C’est pour cela que votre engagement est essentiel. La mobilisation est nécessaire pour contrer ces discours dans les médias, mais aussi dans nos cercles, chez nous, dans nos familles, avec nos ami⸱es ou nos voisin⸱es.
L’année dernière, nous avons eu peur quand la loi Asile et Immigration était votée. De nouveau, en cette rentrée, il est important de montrer notre attachement à nos valeurs d’accueil, de solidarité et d’entraide.