Le 24 novembre 2021, 27 personnes perdaient la vie lors du naufrage de leur embarcation, quatre sont toujours portées disparues et deux ont miraculeusement survécu.

Dans le cadre de l’enquête, la cour d’appel a rendu une décision ce mardi : les sept militaires et les onze passeurs mis en examen, seront jugés ensemble devant la Juridiction nationale de lutte contre le crime organisé.

Dans cette affaire, six militaires demandaient que leur dossier soit transféré au juge des affaires militaires de Lille, plutôt qu’à la juridiction nationale de lutte contre le crime organisé, qui en est chargée depuis le début de l’enquête. Ils sollicitaient également la suppression de nombreux éléments du dossier, y compris leurs auditions.

Suivant l’avis de l’avocat général, toutes leurs requêtes ont été rejetées, une victoire.

 

Cette nuit-là, les occupants de l’embarcation ont appelé le Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage à 18 reprises. La retranscription des échanges, publiée dans une enquête du Monde, est accablante.

Personne à bord :

« S’il vous plaît, s’il vous plaît ! (…) Nous avons besoin d’aide, s’il vous plaît, aidez-nous ! »

Opératrice des secours :

« Ah ben, si tu n’entends pas, tu ne seras pas sauvé. J’ai les pieds dans l’eau… Bah, je ne t’ai pas demandé de partir. »

« Je vais lui sortir la phrase magique : pas de position, pas de bateau de secours. »

Les écoutes judiciaires ont également révélé des échanges privés du directeur du Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage : « Franchement, ces deux gars… heu… j’aurais préféré qu’ils soient morts. » 

Et plusieurs articles ont montré les tentatives d’interférences ou d’intimidations de la part du ministère des Armées durant l’enquête – enquête qui est toujours en cours.

 

Bien qu’il soit essentiel de déterminer et de sanctionner les responsabilités individuelles, ce procès devra impérativement examiner les causes de tels comportements : des politiques publiques violentes et maltraitantes, appuyées par un discours politique diffamant et déshumanisant à l’égard des personnes en migration.

Depuis ce naufrage, au moins 68 personnes ont trouvé la mort dans la Manche lors de 22 incidents, et la situation ne cesse d’empirer.