Depuis plusieurs années, la politique “zéro point de fixation” appliquée par les gouvernements successifs poussent les personnes exilées toujours plus loin des centres ville, toujours plus invisibles et régulièrement en proie au harcèlement policier.

Le 19 juillet, une soixantaine d’hommes, de 18 à 40 ans environ, installés à Bobigny depuis l’évacuation du campement dit “de la Marseillaise” ont choisi, pour visibiliser leur situation et se rapprocher des administrations, de revenir à Paris et d’y rester jusqu’à ce que des solutions pérennes d’hébergement leur soient proposées. Si le départ aujourd’hui de monsieur Didier Lallement laisse place à quelques minces espoirs, nous n’en déplorons pas moins la visite et tentative d’expulsion de la part de la police nationale ce matin même.  

Le 11 mai 2022, avait lieu l’évacuation du campement de “Cheval noir”, où plus de 300 personnes exilées ont survécu pendant près de 3 mois. L’ensemble des personnes n’avaient déjà pas pu être mises à l’abri. Après 3 semaines d’errance, et rejointes par d’autres nouveaux arrivants, elles ont pu s’installer sur le lieu-dit de “la Marseillaise”, à la porte de Pantin, le 1er juin 2022, finalement évacué le 22 juin 2022.

Si, lors de cette évacuation, 360 personnes ont été orientées vers des CAES, certaines ont été remises à la rue dans la foulée et d’autres n’ont pu monter dans les bus faute de places en hébergement disponibles. 

L’intervention puis la surveillance de la police a rendu impossible une réinstallation sur place. Aucune solution n’a été proposée aux personnes restant à la rue depuis. 

Elles avaient finalement trouvé refuge dans le parc départemental de la Bergère à Bobigny. 

Ces personnes, majoritairement d’origine afghane et déjà fragilisées par leur parcours migratoire, voient leur situation aggravée par les nombreuses expulsions menées par les services de police à une cadence soutenue, et souvent sans information préalable.

À ces dernières, s’ajoute un harcèlement policier régulier. Cela va de l’empêchement d’installer une simple tente pour trouver un peu de repos à la violence physique et psychique. 

A l’instar du 4 juillet 2022 à 5h, dans ce même parc de la Bergère où les personnes se sont vues réveillées par des gaz lacrymogènes et des coups alors même qu’elles dormaient. Les tentes ont ensuite été volées puis détruites par les policiers.  

Ces exactions ont été dénoncées à plusieurs reprises que ce soit par les collectifs et associations venant en aide aux personnes mais également par le biais d’une lettre co-signée par plusieurs député.es du 93 adressée au préfet de police de Paris ainsi qu’à ceux de la Seine-Saint-Denis et de Paris

Selon le rapport “des oubliés du droit d’asile”, publié conjointement par 9 associations parisiennes, 96% des hommes isolés passent au minimum une nuit à la rue dans la capitale française. La politique de non accueil menée est ici flagrante, de par la saturation permanente de certains dispositifs, les difficultés d’accès aux services d’orientations, le manque d’information et enfin le harcèlement policier.

Tout cela ne s’est pas vu quand les réfugié.es de guerre ukrainien.es sont arrivé.es en France, si nous louons la politique d’accueil mise en place pour ces dernier.es, nous déplorons qu’elle ne soit appliquée à tous.tes. 

Aujourd’hui, qu’ils soient mineurs isolés, hommes seuls, familles, enfants, les associations et collectifs font le même constat : la dissuasion et l’invisibilisation des personnes.

Les défenseurs des droits humains aux côtés des personnes concernées, revendiquent et réaffirment la liberté d’installation et la fin du harcèlement policier à l’égard de ces personnes qui voient leurs droits bafoués quotidiennement, à Paris, et dans toute la France.