Utopia 56 va progressivement quitter le camp humanitaire de la Linière à Grande-Synthe et renforcer le travail des bénévoles dans les bidonvilles où les réfugiés sont le plus en difficulté.
Quand ?
Nous serons partis d’ici fin septembre. Notre départ pourra être avancé si la mairie de Grande-Synthe et l’Afeji, actuel gestionnaire du camp, organisent notre remplacement plus rapidement.
Pourquoi ?
- Parce que l’accueil de ce camp est désormais limité et que nous ne souhaitons pas participer à une politique d’accueil restreint. Pour rappel, une note du sous préfet du 25 juin précise que le camp de la Linière est réservé aux réfugiés qui veulent rester en France. Puis, en comité de pilotage du 4 juillet, les services d’Etat, l’ Afeji et la mairie de Grande-Synthe ont pris la décision de restreindre les critères d’accueil. Dans un courrier aux responsables associatifs daté du 8 juillet, le maire Damien Carème précise «accueillir les femmes seules avec enfants, les familles et les personnes présentant des problèmes de santé significatifs.» Cela laisse de coté les femmes et hommes seuls. Sur le terrain, nous constatons ce non-accueil. Or ces personnes sont aussi vulnérables. Les réfugiés nous interpellent à ce sujet. Dénoncer ne suffit pas.
- Parce qu’il est prématuré de réduire la taille du camp sans proposer des solutions pour les personnes refusées, bien que nous soyons en accord avec la mairie sur la nécessité de réduire la taille de ce camp à terme.
- Parce que nous pouvons être remplacés. De nombreuses associations de Grande Synthe et des réfugiés du camp s’investissent déjà dans le travail nécessaire à la vie du camp.
- Parce qu’on a besoin de nous ailleurs.
A Calais, 6000 réfugiés vivent dans des conditions précaires. Nous y sommes à nouveau tous les jours depuis le mois de juin.
A Paris, nous sommes en contact avec la mairie qui souhaite mettre en place des lieux d’accueil à l’automne.
Nous sommes également en lien avec les collectifs citoyens et les associations qui travaillent dans les bidonvilles de Paris. Notre souhait est de les aider.
Ou en sommes-nous ?
Nous avons prouvé que des citoyens pouvaient gérer un camp humanitaire de réfugiés en France.
Nous avons travaillé de façon constructive avec la Mairie de Grande-Synthe et Médecins Sans Frontières, ainsi qu’avec de nombreuses associations locales. Cette expérience nous rend plus forts.
Aujourd’hui, nous prenons la décision d’annoncer notre départ avec un délai permettant une réorganisation pour les réfugiés.
Ensemble, nous souhaitons continuer à œuvrer pour un accueil digne des réfugiés en France.
Que pouvez vous faire ?
Vous inscrire comme bénévoles pour nous aider à Grande-Synthe et Calais.
Nous avons besoin de vous à Grande Synthe jusqu’à ce que les postes actuels assurés par les bénévoles Utopia 56 soient assurés par les salariés de l’ Afeji ou d’autres associations.
Pour rappel, actuellement, Utopia 56 prend en charge, avec l’aide des réfugiés et d’autres associations :
- Les quatre cuisines collectives (approvisionnement en bois, aide à la confection de repas lorsque les denrées disponibles sont peu connues des réfugiés)
- Les magasins de distribution gratuite de nourriture
- -La distribution de 250 petits déjeuners 400 repas à midi (en lien avec la Kesha Niya Kitchen).
- La laverie (elle tourne le jour pour les vêtements et la nuit pour les couvertures et duvets récupérés)
- L’atelier de réparation des chalets
- La conduite du minibus mis à disposition par la mairie pour assurer les déplacements entre le camp et l’hypermarché (éviter les piétons sur la quatre voies)
- L’encadrement des enfants au centre périscolaire
- L’accueil au centre « femmes enfants » (machine à coudre, massage, écoute, distribution de vêtements, cabine d’essayage)
- La veille de nuit
- Le nettoyage du camp
Faire connaître notre action.
Nous aider financièrement via le site Utopia56.com
Quelle est l’histoire du camp de la Linière?
Pendant l’hiver 2016, plusieurs milliers de réfugiés vivaient dans un marécage dans le vieux camp du Baroch. La maire de Grande-Synthe et MSF décident d’ouvrir un camp humanitaire digne de ce nom, malgré l’opposition de l’Etat. La mairie de Grande-Synthe demande à notre association Utopia 56 de gérer ce camp du 7 mars au 7 mai. Avec une moyenne de 2700 journées de bénévolat par mois, nous sommes fiers d’avoir contribué à ce que la commission de sécurité du 25 mars puisse donner un avis favorable à l’ouverture du premier camp humanitaire en France. Ce n’était pas gagné ! Pendant plusieurs semaines, les voitures des bénévoles tenaient lieu de barrière à l’entrée et à la sortie du camp pour éviter le passage des véhicules des passeurs et protéger les réfugiés, notamment les enfants. La veille incendie a été assurée par nos bénévoles jours et nuits jusqu’à la reprise du camp par l’Etat.
Depuis le 7 mai, l’Afeji (une association de salariés présidée par Michel Delebarre) gère ce camp dans le cadre d’une convention tripartite Etat/ mairie/ Afeji.
Nous avons continué à travailler sur tous les postes essentiels à la vie du camp en observant, déplorant et dénonçant les restrictions d’accueil et la réduction du nombre de chalet. Nous prenons aujourd’hui la décision d’annoncer notre départ avec un délai permettant une réorganisation neutre pour les réfugiés.