Depuis maintenant 14 jours, nous, associations et soutiens citoyens, occupons aux côtés des mineurs isolés, une école abandonnée de la rue Erlanger à Paris 16ème. 

Cette action a été mise en place pour répondre à une situation exceptionnelle  : depuis l’occupation de la Place du Palais Royal devant le Conseil d’État en décembre dernier, une politique « zéro tente » semble avoir été mise en place par le Préfet de Paris, rendant ainsi toute installation impossible pour ces jeunes. Ils et elles sont donc voué·es à l’errance sur un territoire qui leur est inconnu, et la police leur confisque le matériel de survie distribué par les associations.

Dans un article du 26 Janvier 2023, StreetPress témoigne du fait qu’« Avec ce harcèlement policier, les jeunes ont, au mieux, deux jours de répit. Sinon, ils sont réveillés à l’aube ou en pleine nuit ». Une politique qui n’est pas sans conséquences sur la santé physique et mentale des mineurs, épuisés et quotidiennement maltraités.

Rassembler les jeunes au sein d’un même espace devait permettre de visibiliser leur situation et les recenser, afin de mettre l’État face à ses responsabilités. 14 jours après le début de l’action, les pouvoirs publics ferment toujours les yeux sur ce qui se passe dans ce lieu.

200 jeunes étaient déjà présents lors de l’ouverture de l’école le mardi 4 avril, mais nos associations doivent faire face à l’arrivée d’environ 10 nouveaux jeunes abandonnés chaque jour. Ce sont aujourd’hui plus de 300 adolescents qui dorment à même le sol dans cette école. Dans ces conditions de vie très précaires, sans eau ni électricité, certains d’entre eux ont dû être hospitalisés et nombreux sont ceux qui ont un besoin urgent de soins.

Ces jeunes sont des mineurs à protéger et non des étrangers à traquer. Selon l’article L. 112-3 du Code de l’action sociale et des familles (CASF), la protection de l’enfance « vise à garantir la prise en compte des besoins fondamentaux de l’enfant, à soutenir son développement physique, affectif, intellectuel et social et à préserver sa santé, sa sécurité, sa moralité et son éducation, dans le respect de ses droits ».

La mairie de Paris a constaté l’insalubrité et la dangerosité de ce lieu inoccupé depuis 4 ans, et des groupuscules d’extrême droite ont menacé d’attaquer l’école. La sécurité des jeunes et des soutiens est donc en jeu.

Pourtant, la préfecture d’Ile-de-France ainsi que la secrétaire d’État à la protection de l’enfance, Madame Charlotte CAUBEL, restent sourdes à nos alertes concernant toutes ces menaces, et laissent sciemment ces jeunes en danger.

Face à cette situation d’urgence humanitaire, les associations présentes en soutien demandent à ce qu’une mise à l’abri soit d’urgence organisée, dans des lieux respectant la dignité et les besoins particuliers de ces adolescent·es.

Afin que la mise en danger des MNA en recours cesse de façon définitive, nous demandons à ce que la présomption de minorité soit inscrite dans la loi et que, comme le stipule l’article 388 du code civil, “le doute profite à l’intéressé”. Nous demandons des hébergements dignes et pérennes et un accompagnement pluridisciplinaire adapté à la situation de chaque mineur·e isolé·e.

Les MNA sont des mineur·es à protéger, faisons respecter leurs droits. 

Signataires : Les Midis du MIE, Tara, La Timmy et Utopia 56