Communiqué de presse, le 20 octobre 2021

Il y a cinq ans, le 24 octobre 2016, la Jungle de Calais était démantelée, sur les près de 10 000 personnes qui y vivaient, plus de 7 000 étaient accompagnées ailleurs en France afin de pouvoir demander l’asile. Cinq ans plus tard, Calais reste une zone d’errance pour des milliers de personnes, dans l’attente d’une traversée. Depuis 2016, notre association et d’autres, n’ont jamais quitté la frontière, au secours et à l’accompagnement de ces milliers de femmes, hommes et enfants. En 2021, les traversées par la mer ont pris le pas sur celles en camion. Depuis janvier, plus de 19 000 personnes, soit deux fois la taille de la Jungle, ont ainsi traversé la Manche, fuyant pour la plupart, les règlements et politiques administratives européennes.

La Jungle de Calais, dont les images avaient fait le tour du monde des télévisions, n’existe plus, remplacée par des campements constamment détruits, toutes les 48 h, par les services de l’État. Cette politique de harcèlement, par ces comportements imposés et répétés,(link is external) assumée par le ministre de l’Intérieur, associée à une violence physique et psychologique, a pour objectif de dissuader les personnes de rejoindre le Royaume-Uni. Pourtant, en 2021, jamais autant de personnes n’auront tenté et réussi la traversée, alimentant d’autant plus les réseaux de passage et de traite des êtres humains.

Début octobre, Human Right Watch détaillait dans un rapport(link is external) “La stratégie de détresse infligée aux enfants et aux adultes dans la région de Calais”. Une réalité déjà mise en avant dans un rapport de la CNCDH(link is external) en février dernier.

« Les personnes exilées ne voyagent pas jusqu’au nord de la France parce qu’elles ont entendu dire qu’elles pourraient y camper dans les bois ou dormir sous un pont. Elles ne viennent pas parce que des associations distribuent un peu d’eau et de nourriture. Elles viennent parce que c’est là que se trouve la frontière », explique Charlotte Kwantes, coordonnatrice nationale d’Utopia 56, dans le rapport  Human Right Watch.

Calais, comme Grande-Synthe, illustre la gestion des politiques d’accueil européenne : accords de Dublin, violences policières, militarisation et externalisation des frontières, survie à la rue, instrumentalisations politiques, entrave aux acteurs associatifs… « L’État s’oppose aux personnes exilées plutôt qu’au système de non-accueil européen qui les poussent ici. » Marie, coordinatrice d’Utopia 56 à Grande-Synthe.

Cinq ans après la Jungle de Calais, cette frontière, aux réalités géopolitiques proches de celles de Turquie et de Libye, fait l’objet de toutes les tensions. Elle est la porte de sortie, une dernière chance pour toutes les personnes abandonnées et persécutées par les politiques administratives européennes.

Les destructions de campements doivent cesser. L’État français doit remettre en question le règlement Dublin III et mettre en place un accueil digne, inconditionnel, et cohérent sur tout le territoire. Enfin, un passage sûr et légal vers le Royaume-Uni doit être créé pour ces personnes en exil. Sans quoi, l’errance, la misère et les violences perdureront.

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