Ce mardi 16 novembre, dès 8h du matin, plus de 300 policiers, CRS et gendarmes, accompagnés d’agents de nettoyage et de la mairie, ont encerclé le campement de Grande-Synthe. Les personnes qui dormaient alors en tente ont été expulsées par les forces de l’ordre puis conduites, petit groupe par petit groupe, vers des bus. Elles ont ainsi été contraintes de laisser sur place leurs effets personnels, qui ont été détruits à la suite de l’expulsion.

 

Contrairement à la loi et aux annonces récentes, les personnes habitant les lieux n’ont pas été prévenues préalablement et aucun diagnostic social n’a été effectué.

 

Une fois escortées à l’extérieur du campement, les personnes ont été contraintes de monter dans des bus, comme ont pu le témoigner certaines d’entre elles : “You take the bus or police station”. Aucune information ne leur a été donnée sur la destination des bus et le peu d’informations transmises n’a pas été traduit dans une langue comprise par les personnes exilées.

 

Emmenées vers des destinations inconnues, avec des trajets de plus de cinq heures dans certains cas, les personnes ont été transportées dans des circonstances inadaptées, voire illégales, avec des familles séparées et des mineurs non accompagnés déplacés vers d’autres départements et déposés devant les locaux de différents services de l’Aide Sociale à l’Enfance.

 

“Cette opération forcée est une maltraitance de plus de l’État français envers ces personnes. Ces expulsions illégales n’ont que pour objectif d’épuiser et d’intimider les personnes, et ne résolvent aucunement leur situation de précarité”, Anna Richel, coordinatrice Utopia 56 Grande-Synthe.

 

Au cours de cette même journée, après avoir été secourus en mer et débarqués sans prise en charge à Calais et Dunkerque, des familles avec enfants, des mineurs non accompagnés et des hommes ont découvert médusés la destruction de leur lieu de vie et de leurs biens personnels. Les vêtements mouillés, épuisés et traumatisés par la violence de leur tentative de traversée, et demandant l’accès à un hébergement d’urgence, ils se sont vu répondre par les policiers toujours sur place : “Il s’agissait d’un démantèlement de campement pendant lequel vous n’étiez pas présents, vous n’aurez pas accès à ce dispositif de mise à l’abri.”. Suite à l’action et aux négociations des membres d’Utopia 56 auprès des autorités locales, seulement quelques familles ont pu être hébergées pour une nuit, laissant à la rue plusieurs familles et hommes seuls, alors même que le 115 de Dunkerque disposait de places libres.

 

En présence des policiers du dispositif, deux personnes demandant à récupérer leurs affaires parmi lesquelles des médicaments et un passeport, se sont vu refuser l’accès aux restes des biens alors en cours de destruction.

 

Ce mercredi, des centaines de personnes se trouvent en errance et totalement désinformées à Tours, Reims, Rouen, etc. L’accès à l’eau et l’électricité, précédemment installé par la mairie à proximité du campement détruit, a été coupé. Pourtant, nous continuons de rencontrer des centaines de personnes qui survivent toujours sur place et dans les alentours. De telles conditions de vie indignes perdureront tant qu’un réel dispositif de prise en charge ne sera pas mis en place à la frontière et sur le littoral.