Le soir est venu, il fait un peu sombre, il fait un peu froid, on a un peu faim… Alors on rentre chez soi. C’est tout simple, on le fait sans y penser, on le fait sans même savourer cette chance que l’on a d’avoir un endroit pour soi…

Parfois on s’en souvient, lorsque l’on croise un homme ou une femme sur le trottoir qui, on le sens, dormira là ce soir. « Mais ce sont des marginaux, des gens qui ont choisi cette vie, on le sait bien que beaucoup refusent les mises à l’abri… ».

On n’y pense pas lorsque l’on salue cette femme que l’on croise de temps en temps au Lidl du quartier, on n’y pense pas non plus lorsque l’on s’attendrit sur les bouilles des enfants qui se tiennent la main en suivant la maîtresse aux abords de l’école.

Et pourtant, parmi eux, plus d’un n’a pas de maison où rentrer prendre son goûter, faire ses devoirs et jouer un peu avant d’aller dormir.

A Tours, ce sont des centaines de personnes qui sont sans domicile fixe et accueillies chaque soir dans les différents dispositifs d’hébergement d’urgence de la ville. Mais ces derniers mois, une centaine de personnes restent chaque soir sans solution : « plus de place ». Chaque nuit, des hommes, des femmes et des enfants dorment dehors ou se tassent dans un coin du salon qu’une famille aura bien voulu mettre à leur disposition. Des familles entières, de jeunes femmes seules ou avec de très jeunes enfants, puisqu’à partir de 3 ans, l’enfant n’est plus considéré comme une priorité absolue pour le service d’hébergement d’urgence saturé qui doit élaborer des critères de refus.

Un récent rapport de l’Unicef et du Samu social révèle que 42 000 enfants, dont près de 12 500 de moins de 3 ans, seraient aujourd’hui sans domicile fixe en France.

Cette situation inacceptable et honteuse, qui a des conséquences à court et long terme sur la santé physique ou mentale des enfants, constitue une violation pure et simple de la Convention internationale des droits des enfants que la France a pourtant signée. Elle pointe également les manquements d’une action publique inapte à garantir à certains de ses citoyens l’accès à leurs droits fondamentaux. Il s’agit là d’une politique de marginalisation et de rejet moralement insoutenable, socialement absurde et politiquement dangereuse.

Le collectif d’associations ASFT (accueil sans frontière en Touraine) appelle à une mobilisation mardi 8 novembre 2022 à partir de 16h00 sur la place de la Préfecture afin d’interpeller les services de l’Etat sur l’urgence absolue d’adapter le système d’hébergement aux besoins réels : pas de suppression, des créations, et pour tous les sans-abri qui seront présents, des solutions pour le soir-même. Nous camperons sur la place, y dînerons, y dormirons peut-être… Rejoignez-nous pour partager les repas et la solidarité.