Depuis plusieurs années, les équipes d’Utopia 56 à Calais, Grande-Synthe et Lille font quotidiennement  face aux insuffisances des dispositifs à destination des mineur·es isolé·es survivant dans le nord de la France. C’est pour répondre à ces manquements que début juin, Utopia 56 a ouvert à Lille une maison de répit et de d’information pouvant accueillir 13 mineurs non accompagnés (MNA), laissés en errance par l’État.

Ces jeunes sont arrivés dans le Nord et Pas-de-Calais sans leurs parents et en dépit de leur volonté souvent exprimée d’être protégé·es, ils et elles se heurtent à des défaillances systémiques et des manquements de la part des institutions publiques.

À Calais et Grande-Synthe, les associations mandatées par l’État (FTDA et AFEJI) n’ont pas les moyens suffisants d’identifier l’ensemble des jeunes afin de les informer et de leur permettre d’accéder aux dispositifs de mise à l’abri et d’évaluation.

À Calais, il est à ce jour impossible que des jeunes, vivant dans les campements, soient mis·es à l’abri après 21h30 et les foyers sont fréquemment complets. Sur les 2 194 demandes de mises à l’abri de jeunes accompagné·es par Utopia 56 en 2021, seules 1 286 ont abouti. C’est donc 40% des jeunes qui sont laissés à la rue, sans avoir pu accéder aux dispositifs de la protection de l’enfance. À 15, 16, 17 ans, ces jeunes sont abandonnés sur les campements, en proie au harcèlement policier, aux réseaux de traite et de passage. L’État et le Département, duquel relève l’Aide sociale à l’enfance, ne respectent pas la convention internationale des droits de l’enfant, selon laquelle les mineurs ont le droit d’être logés, éduqués et protégés de toute forme de violence.

À Lille, Utopia 56 accompagne plus de 50 mineur·es dont la minorité n’a pas été reconnue par le département du Nord et qui font appel de cette décision devant le juge des enfants. Ni le Département, ni l’État n’accompagnent ces jeunes le temps de la procédure, qui dure entre 4 mois et plus d’un an et demi. Durée pendant laquelle, quand bien même le jeune serait reconnu mineur au bout de 18 mois, ces jeunes n’ont accès à aucune aide, sociale, médicale ou juridique de la part des institutions publiques. Leur survie dépend d’associations citoyennes, dont Utopia 56. Actuellement, ce sont plus d’une quinzaine de jeunes qui survivent sur un campement, faute d’hébergement.

Afin d’apporter une réponse à ces jeunes ignoré·es par l’Etat, et à l’instar des 4 autres maisons d’accueil ouvertes à Paris et à Tours, Utopia 56 a décidé d’ouvrir une maison de répit et d’information à Lille. 

Grâce à un hébergement et un accompagnement global adapté à leur situation, Utopia 56 peut accompagner ces jeunes survivant dans la région Hauts-de-France et leur offrir la possibilité de sortir de l’errance et de l’isolement imposé par la rue. Ce lieu permet d’accompagner des jeunes en recours de minorité dans leurs démarches juridiques et administratives tout le temps de leur recours. Mais aussi d’informer les jeunes de Calais et Grande-Synthe sur leur droit d’être protégés au titre de l’Aide sociale à l’enfance. 

Ce projet de maison s’inscrit dans une démarche plus générale et portée depuis plusieurs années par Utopia 56 et de nombreuses associations : que l’Etat français respecte les droits de l’enfant. La France est d’ailleurs visée par une enquête de l’ONU visant à rétablir la réalité sur le traitement des mineur·es isolé·es sur le territoire. Cette situation est également dénoncée par 63 associations dans toute la France, dont Utopia 56, au travers d’une tribune adressée aux députés.

Pour rappel et selon la défenseure des droits : tout jeune se disant mineur et isolé doit être considéré « comme un enfant à protéger, relevant de ce fait des dispositions légales de la protection de l’enfance ». Dans le Nord et partout en France, la reconnaissance et le respect de la présomption de minorité, de l’intérêt supérieur de l’enfant et du droit au recours effectif doivent être respectés. 

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