Alors que des demandeurs d’asile d’Afghanistan tentent de trouver refuge depuis plusieurs décennies, nous dénonçons l’accueil déplorable de la France et de l’Europe à leur encontre ces dernières années.

Chaque jour, les équipes d’Utopia 56 et Enfants d’Afghanistan et d’ailleurs rencontrent des personnes en exil originaires d’Afghanistan. Elles survivent dans les campements de Calais ou Grande-Synthe à la frontière franco-britannique, ou cachées dans des tentes sous les ponts de Paris, partout, jour et nuit, harcelées par la police. Depuis une semaine à Paris, des témoignages nous font part au quotidien d’expulsions sommaires et de nuit. Les forces de l’ordre, sous ordre de la préfecture de police, utilisent du gaz lacrymogène et violentent des personnes couchées à même le sol, dans le but de les déplacer et de les invisibiliser.

Une réalité qui vient rappeler les images des évacuations de Saint-Denis et de place de la République le 17 et 23 novembre 2020, où des centaines de personnes, dont de nombreux Afghans, avaient été brutalisées par la police, sous les ordres du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

Faute d’une structure de premier accueil et d’un hébergement le temps de l’examen de leur demande d’asile, comme pour de nombreux demandeurs d’asile en France et en opposition à la loi, ces personnes sont laissées à la rue. Leurs droits fondamentaux, tels que l’accès à l’eau, à la nourriture et à des sanitaires, sont régulièrement entravés.

Ces derniers mois, la CNDA estimait que les violences à Kaboul ne pouvaient plus justifier l’arrêt des renvois et attribuait beaucoup plus difficilement le statut de réfugié ou même de protection subsidiaire. Les équipes d’Utopia 56 confirme qu’un homme a été expulsé vers Kaboul depuis le Centre de Rétention de Massy Palaiseau le 22 mai dernier. Après un dernier échange avec nos équipes le 24 juin depuis Kaboul, nous n’avons plus eu de nouvelles.

En France comme ailleurs en Europe de nombreux mécanismes sont en place afin de décourager et entraver le dépôt de demande d’asile. Refoulement aux frontières, externalisation de la demande, campements surchargées, règlement Dublin, militarisation des frontières aux travers de l’agence Frontex, labyrinthe administratif, criminalisation des aidants, constructions de murs, violences policières, enfermement en centres de rétention. Les personnes afghanes étant depuis plusieurs années les plus représentées parmi les demandeurs d’asile en France (16,4% en 201919.1% en 2020), elles en sont les premières victimes.

Selon le rapport de l’OFPRAplus d’un tiers des demandeurs d’asile de nationalité afghane ont vu leur demande refusée en 2020. Laissés à l’abandon, un dernier espoir en pousse certains dans les campements de Grande-Synthe et de Calais, aux portes du Royaume-Uni.

Enfants d’Afghanistan et d’ailleurs et Utopia 56 appellent les responsables politiques sensibles au sort des femmes, hommes et enfants afghans à se prononcer pour l’ouverture de couloirs humanitaires immédiats, pour la mise en place de passages sûrs, pour un accueil digne, ainsi que pour le respect des droits fondamentaux de toute personne en situation d’exil en France.