Ces derniers jours, et à l’initiative de l’association, le jounal Le Monde a relayé les enquêtes qui visent actuellement des bénévoles d’Utopia 56.
La première porte sur des faits de diffamation à l’encontre des forces de l’ordre à raison de propos publiés sur X (anciennement Twitter), faisant état d’un bateau incendié.
Pour les deux autres, il est reproché aux bénévoles de l’association d’avoir intentionnellement alerté les secours de situations fausses, ce qui les aurait mobilisés ou aurait été susceptible de les mobiliser de manière injustifiée.
En août 2023, une équipe d’Utopia 56 appelait les secours pour signaler une situation de détresse en mer. La bénévole mise en cause se voit reprocher d’avoir communiqué une fausse alerte aux secours, et ce, dans l’objectif de les détourner d’autres situations nécessitant leur présence, mettant ainsi la vie d’autrui en danger.
En août 2024, un bénévole appelait les secours pour signaler une suspicion de décès d’un enfant qui lui avait été communiquée, indiquant très clairement qu’il ne pouvait rien affirmer et ne faisait que relayer des témoignages reçus de personnes paniquées.
Utopia 56 nie toute instrumentalisation des appels aux secours par ses bénévoles, qui sont susceptibles de se retrouver, comme cela arrive malheureusement trop souvent, face à des situations pouvant nécessiter des soins médicaux et l’intervention des secours. N’étant ni professionnels de santé, ni spécifiquement formés à des situations d’urgence médicale, il est naturel qu’ils laissent aux secours la décision d’intervenir ou non.
L’ouverture d’enquêtes préliminaires sur la base de telles qualifications porte à croire que ces appels visaient, intentionnellement et de manière tout à fait inconséquente, à détourner les services de secours d’autres situations réelles de détresse, ce qui ne correspond ni à la réalité de ces deux incidents, ni aux voies de communication que l’association tente de construire avec les forces de l’ordre et les pompiers.
En effet, l’association a pour objectif de discuter et d’améliorer ses prises de contact avec les secours et les forces de l’ordre pour simplifier la transmission d’informations. À ce jour, nos demandes de rendez-vous sont restées lettres mortes.
Naturellement, Utopia 56 se tient à disposition de la justice dans chacune des trois procédures.
Accompagnés par nos avocats, nous répondrons à toutes les questions posées par les enquêteurs et apporterons les éléments factuels démontrant que notre travail est réalisé de bonne foi, dans le respect du cadre légal et dans l’objectif de la sauvegarde de la vie humaine.
Cette situation est sans précédent pour l’association qui se plie à déployer des actions d’intervention humanitaire à destination des personnes en situation de détresse dans sept villes en France.
Sur le littoral nord, il convient de rappeler qu’Utopia 56 a reçu, en 2024, 384 appels de détresse en mer impliquant plus de 13 400 personnes et que nos équipes sont intervenues auprès d’environ 14 000 personnes, trempées, traumatisées, voire blessées, après des tentatives de traversées de la Manche.
Sur ce même littoral, nous avons effectué près de 20 signalements à l’IGPN et 37 saisines auprès du service Déontologie de la Défenseure des droits, car nous croyons qu’en tout lieu, et en tout temps, le respect du cadre légal, dans la gestion de situations humanitaires tendues est primordial. Nous nous saisissons donc des moyens mis à disposition pour permettre que le droit continue d’être respecté.
De même, il est important de souligner que nos équipes sont appelées à l’aide quotidiennement par des services de sécurité et de secours – gendarmerie, police et secours – souvent débordés par la gravité de la situation humanitaire qui se déroule sur le littoral et dont les personnes qui tentent la traversée dangereuse de la Manche sont les premières victimes.
Enfin, il est tragique de rappeler qu’au moins 80 personnes ont perdu la vie à cette frontière depuis le début de l’année. Un chiffre supérieur au total cumulé des cinq dernières années. Sans l’intervention des associations présentes sur le littoral, de nombreux décès supplémentaires seraient à déplorer. C’est pourquoi, malgré les obstacles que représentent ces enquêtes préliminaires, les équipes d’Utopia 56 continueront à intervenir sur le terrain, jour et nuit, pour fournir une aide humanitaire et dénoncer la violence des politiques migratoires.
Si nous avons souhaité rendre publiques ces enquêtes par l’intermédiaire de la presse, c’est par souci de transparence, mais aussi pour alerter sur ce qu’il nous paraît être le prolongement d’une volonté d’intimidation à l’encontre de nos équipes et d’entrave à notre mission.
À titre d’exemple, depuis le début de l’année, nos équipes du nord ont subi 98 contrôles de police et nos véhicules ont été fouillés à 59 reprises, sans qu’aucune infraction ne soit finalement constatée.
Utopia 56, dans toutes ses antennes, continuera à distribuer des milliers de repas, de vêtements, de couvertures, de tentes, et à proposer près de 40 000 nuitées d’hébergement pour que les personnes en détresse puissent bénéficier d’un peu de répit.