Ce jeudi 1er septembre marque le jour de la rentrée des classes pour 12 millions d’enfants et d’adolescents dans toute la France. Malheureusement, et parce que le gouvernement les ignore depuis bientôt 100 jours, ce n’est pas le cas pour les 200 jeunes en recours de minorité survivant à la rue, suivis par Utopia 56 à Paris et en Île-de-France, ni pour des centaines d’autres dans toute la France. 

Depuis samedi 28 mai, Utopia 56 occupe avec une soixantaine de ces jeunes dans un campement revendicatif sur la  place de la Bastille à Paris. Cette action a pour but de visibiliser la situation de ces jeunes, abandonnés par l’État sans aucune autre ressource que celles des associations et des citoyens solidaires, afin qu’une structure d’accompagnement global soit mise en place le temps de leur recours.

Si le nombre de jeunes présents à Bastille reste de 60, un autre campement dans le sud de Paris continue de grossir : y sont présents aujourd’hui entre 120 et 150 jeunes. 

Ils viennent du Mali, d’Afghanistan, de Sierra-Leone ou d’ailleurs, et sont laissés à la rue par les pouvoirs publics, sans aucun accès aux droits. 

En dépit des conditions de vie dans la rue, des épisodes de canicule et de tempête, le gouvernement n’a cessé d’ignorer ces jeunes, et ce, malgré nos différentes relances auprès de Charlotte Caubel, secrétaire d’État à l’enfance. À ce jour, la seule réaction concrète des autorités s’est matérialisée en une tentative d’entrave de notre action par le ministère de l’Intérieur, tentant, sous couvert de respect de la dignité des personnes, de mettre un terme à notre occupation revendicative.

Malgré leur volonté à tous d’aller à l’école, ce droit leur est refusé : sans domiciliation, il leur est quasi impossible d’accéder aux tests requis pour être scolarisés :

Je refuse d’être un délinquant, je veux être un citoyen, pour apprendre un métier à transmettre à la jeunesse future. Je ne refuse jamais d’apprendre et grâce à ça, je vais enseigner à tout le monde, mais la situation que je traverse risque de m’éteindre, donc je demande à l’Etat français de nous venir en aide. , Yousouf D. , 15 ans et demi

Depuis l’installation du campement, 45 jeunes ont finalement été reconnus mineurs, après avoir pourtant été refusés par les dispositifs de reconnaissance de minorité. Tous ont été confrontés  plusieurs mois aux dangers de la rue. 

Dans toute la France, Utopia 56 et de nombreuses associations accompagnent des jeunes dans la même situation, ils sont près de 100 à Toulouse, 50 à Lyon, 20 à Lille, à Rennes et dans trop d’autres villes encore. Suite à une saisine du comité des droits de l’enfant de l’ONU par 5 organisations, dont Utopia 56, auprès, une enquête a été ouverte. Elle a vocation à établir la réalité sur le traitement des mineur·es isolé·es par la France, déjà plusieurs fois condamnée par la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour ses manquements.

Pour revendiquer leur droit à l’éducation, tel qu’il est inscrit dans la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, que la France s’est engagée à respecter, Utopia 56, les 200 jeunes de Bastille et du campement au sud de Paris seront présents en face du parvis des droits de l’Homme ce jeudi 1er septembre, à partir de 15h30. La manifestation commencera par un sitting, à l’image du gouvernement, silencieux, suivi par une série de prises de parole. Pour mettre fin à l’errance des jeunes à Paris et dans toute la France.