Le 1er septembre dernier, 98 mineurs isolés en recours accompagnés par les associations Midis du MIE, TIMMY et Utopia 56 se sont installés dans le parc Javel André Citroën à Paris 15ème. Aux côtés de centaines de familles, femmes et hommes seuls, ils demandaient une protection et un hébergement adaptés à leur âge et situation. Deux semaines plus tard, nous tirons un bilan alarmant d’une prise en charge inadaptée pour des mineurs isolés, au mépris de l’intérêt supérieur de l’enfant.
Lors de cette “mise à l’abri” planifiée par le ministère de l’Intérieur, sans tenir compte de leur âge déclaré, de leur vulnérabilité, des particularités de leurs procédures, de leurs traumatismes ou leur besoin d’accompagnement éducatif et social, ils ont été comme à chaque fois dispersés, souvent éloignés de leurs lieux de cours, d’activités, de rendez-vous juridiques ou médicaux, dans des structures au confort disparate et à l’encadrement désinformé ou inexistant.
- Au gymnase Gallieni de Nogent sur Marne (94), mineurs et majeurs se côtoient sous tension : douches collectives ne respectant aucune intimité, manque de nourriture, de repos, sanitaires sales, bagarres fréquentes entre adultes liées aux conditions de vie, et aucune information concernant un éventuel transfert.
- À l’hôtel Gallieni de Gennevilliers (92), les mineurs déjà en recours auprès du juge des enfants ont été menacés d’une remise à la rue le 22/09 s’ils ne déposaient pas une demande d’asile. Au moins deux d’entre eux ont cédé à cette pression et signé la demande.
“Nous dénonçons des conditions de mise à l’abri au rabais, sans distinction des situations personnelles et contribuant à la mise en danger de ces adolescents” – Espérance Minart, présidente de l’association TIMMY.
Comme des centaines d’autres, ces mineurs ont été évalués majeurs sur l’unique fondement d’un entretien oral expéditif mené sous la responsabilité des départements franciliens, puis laissés à rue. Des mois plus tard et après analyse approfondie de tous les éléments, la grande majorité des jeunes que nous accompagnons sont pourtant reconnus mineurs par le juge des enfants et pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance.
En vertu de l’article 3 de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) : “Dans toutes les décisions qui concernent les enfants, qu’elles soient le fait des institutions publiques ou privées de protection sociale, des tribunaux, des autorités administratives ou des organes législatifs, l’intérêt supérieur de l’enfant doit être une considération primordiale.“.
Nos associations demandent que les mineurs en procédure de recours présents au gymnase de Nogent sur Marne soient immédiatement relogés dans des hébergements décents, avec un encadrement éducatif et social adapté. Elles demandent également la continuité de l’hébergement des jeunes menacés d’expulsion à l’hôtel Gallieni de Gennevilliers, et l’annulation des demandes d’asile faites sous la contrainte morale.
Enfin, en respect des principes de “présomption de minorité” et “d’intérêt supérieur de l’enfant”, nous demandons une prise en charge systématique des jeunes se déclarant mineurs et isolés, par des services compétents et jusqu’à la décision judiciaire finale statuant sur leur situation.